mardi 12 juin 2012

Le chantage comme mode de gestion du territoire : Jacques MARSAUD, bras droit de Patrick BROUAEZEC

Du temps de la Royauté, les grands du royaume, seigneurs parmi les seigneurs qui se partageaient le pays, disposaient d'exacteurs, c'est-à-dire d'hommes de main pour les basses besognes.

De nos jours, certains hommes politiques se comportent comme de grands seigneurs et disposent d'hommes de confiance qui leur servent de bras droit pour agir quand ils ne peuvent ou ne veulent le faire eux-mêmes, car cela risquerait de les exposer dangereusement.

A cet égard, amis lecteurs, je vous recommande (encore) de lire le petit ouvrage d'entretien que Patrick BRAOUEZEC a mené avec Jean VIARD, chercheur au CEVIPOF et vice-président de la communauté urbaine de Marseille (Où va la ville populaire ?) et vous invite également à compulser les propos récents du Directeur Général des Services (DGS) de Plaine Commune, Jacques MARSAUD.

Dans une tribune intitulée "La Gazette", qu'est-ce qu'il vous arrive ?, l'intéressé a en effet réagi, de manière assez virulente je dois dire, à un article de l'hebdomadaire bien connu des élus locaux, La Gazette des Communes, (p. 17, n°21/2127 du 21 mai 2012). Ce que révèle la réaction, que je juge pour ma part excessive, de M. MARSAUD est très représentatif de ce que pense le Président de Plaine Commune, Patrick BRAOUEZEC.

Revenons au début de cette affaire.


Dans son édition du 7 mai 2012, La Gazette sacrifiait à un banal exercice journalistique, justifié par l'élection de François HOLLANDE et l'arrivée d'un nouveau gouvernement, en présentant les 6 mesures qui, selon l'hebdomadaire, devait être prise au sujet des collectivités territoriales. Nous avons tous lu des articles sur "les 10 mesures à prendre pour...", "5 questions à...", ou entendu ce genre de petites phrases dans des interviews : "en une minute, pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de ... ?" Ce type d'article ou de question n'a donc aucune prétention à épuiser un sujet et les citoyens que nous sommes connaissons parfaitement les limites de cet exercice. Le préambule de l'article annonçait d'ailleurs la couleur : "Pourquoi ce choix ? Il peut sembler arbitraire, c’est vrai, et nous l’assumons. Cela aurait pu être dix, trente-deux, soixante mesures… Mais nous avons préféré sélectionner quelques sujets clés hautement symboliques. En nous appuyant à chaque fois sur des experts reconnus."

Pour ma part, j'estime qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat et monter sur des grands chevaux comme va le faire Jacques MARSAUD. Que dit-il d'ailleurs ?

Il s'emporte sur deux mesures et s'en prend à Jean VIARD (le même Jean VIARD qui s'est entretenu avec Patrick BRAOUEZEC comme indiqué plus haut), dont une interview concluait ledit article.

Les mesures visées par le bras droit de Patrick BRAOUEZEC et évoquées par La Gazette étaient les suivantes : élire les intercommunalités au suffrage universel, interdire le cumul président d'éxécutif local-parlementaire.

Pourtant, en sa qualité de DGS, Jacques MARSAUD est le patron des agents de Plaine Commune. On aurait peut-être pu s'attendre à ce qu'il ait envie de débattre de l'une des 4 autres mesures citées par La Gazette : encourager concrètement la mobilité des agents. Mais il ne l'a pas fait.


Toujours en sa qualité de DGS de Plaine Commune, établissement intercommunal qui a reçu des communes les compétences en matière d'aménagement, d'habitat et de rénovation urbaine, on aurait pu penser qu'il veuille également débattre de deux autres mesures : transférer l'urbanisme au niveau intercommunal, mobiliser les crédits de droit commun pour les quartiers. Mais il n'a également pas fait ce choix.

Enfin, la dernière mesure, cesser de reporter la réforme des valeurs locatives, était du pain béni (pour mémoire, les gens aisés vivant en centre-ville payent des taxes locales fondées sur des bases très faibles par rapport à celles des locataires HLM, ce qui est parfaitement inique) pour cet homme qui est, à la fois le DGS d'un territoire où vivent les Français les plus modestes et le bras droit d'un député qui se proclame gauche de gauche. Mais là encore, il passe à côté.

Dans ces conditions, comment interpréter autrement ces choix que comme une ignorance délibérée des questions relatives à la gestion du territoire et aux inégalités ? Le fait que Jacques sa réaction n'est qu'un prétexte pour protéger une certaine vision d'une intercommunalité qui ne rend pas de compte, défendre une conception de l'homme politique chère au maître de Plaine Commune, Patrick BRAOUEZEC, et dénigrer in fine l'auteur d'un livre d'entretien qui à l'immense mérite de mettre à jour l'odieux animal politique qu'est Patrick BRAOUEZEC.

Plus que jamais, nous, citoyens de Saint-Denis et des villes de Plaine Commune, devons avoir conscience que ce qui se joue dans les urnes est le choix entre des conceptions de la vie et de l'action politique qui n'ont rien en commun. Ces élus locaux, qui se déclarent gauche et gauche, n'ont cessé de nous matraquer de discours prétendant lutter pour plus de justice social. Pour qui a changé Saint-Denis ? Les promoteurs ? Certainement ! Et pour les habitants ?

Il y a quelques temps, j'entendais dans l'émission Périphéries de France Inter un jeune homme qui parlait de ses espoirs nouveaux et aussi de son passé marqué par la violence. Posant un regard d'une extraordinaire lucidité sur ses propres actes, il disait lui-même qu'auparavant, lorsqu'il parlait de respect, il faisait en réalité subir aux autres un chantage à la violence physique.

Dimanche, dans l'urne, nous pouvons mettre fin au chantage pratiqué par des hommes politiques usés et défendant leurs seuls intérêts. Respecter les Dionysiens, ce n'est pas le chantage que pratique depuis de nombreuses années ces élus : un logement ou un travail à leurs clients, l'accusation de "vouloir chasser les pauvres" portée contre ceux qui parlent d'amélioration de l'environnement, l'opprobre du fascisme jetée contre ceux qui parlent de sécurité. Pour en finir, votons pour le candidat de la gauche humaniste et démocrate, Mathieu HANOTIN.

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