lundi 26 février 2018

La RATP veut automatiser la ligne 8. Et les engagements sur la 13 ?

Dans son numéro 2358 du lundi 26 février 2018, la Lettre de l'expansion, une lettre confidentielle paraissant le lundi et lue par les décideurs politiques et économiques français, indique que : "La RATP va annoncer prochainement sa volonté d'automatiser à partir de 2018 la ligne 8 du métro parisien."

Pour les utilisateurs de la ligne 8, qui doivent supporter un ligne dégradée dotée de matériels obsolètes (les vieilles MF77 n'ont pas été modernisées contrairement aux rames de la 13), c'est une bonne nouvelle ! Seulement, cette annonce pose un problème pour l'automatisation de la ligne 13.
Rappelez-vous, en 2015, lors de la campagne des élections régionales, Valérie PECRESSE, l'actuelle présidente de la région Ile-de-France, et son concurrent, Claude BARTOLONE, du Parti Socialiste, avaient promis l'automatisation de la ligne 13. Cet engagement figurait noir sur blanc dans leurs promesses de campagne, même si aucune date n'était prévue. 

En 2015, la RATP venait d'achever l'automatisation de la ligne 1 du métro parisien un peu plus d'an plus tôt et débutait l'automatisation de la ligne 4, avec une mise en service prévue en 2022. En conséquence, la ligne 13 devait être la suivante. Mais si la RATP veut automatiser la 8 et, vu les ressources financières actuelles de l'autorité organisatrice de la région, Ile-de-France Mobilités (ex-STIF), l'automatisation de la ligne 13 est de facto reportée sine die.  

Amis lecteurs, je ne peux que vous invitez à interpeller tous vos élus, de Droite comme de Gauche, et à leur demander quand la ligne 13 sera automatisée... Je rappelle à nos élus que la station Porte de Paris de la ligne 13 desservira un tiers des épreuves des Jeux Olympiques de 2024, ainsi que les cérémonies d'ouverture et de fermeture des JO, alors que la station Saint-Denis Pleyel sera très loin...

samedi 24 février 2018

Grand Paris Express (2) : faisons payer les touristes plutôt que les habitants d'Ile-de-France !

Je n'ai rien contre les touristes, bien au contraire. Leur affluence permet de mesurer l'attractivité d'une ville, de la qualité de la mise en valeur de son patrimoine culturel et, surtout, de faire vivre nos commerçants et de créer de l'emploi.

Cependant, la réalisation des métros automatiques du Grand Paris Express rencontre des problèmes de financement, comme l'a révélé la Cour des Comptes dans son rapport publié le 17 janvier dernier. Le dérapage des coûts est colossal. En 2010, l'ensemble du projet est annoncé à 19 milliards d'euros. Trois ans plus tard, nouvelle réévaluation, les métros coûteront 22,6 milliards d'euros. Début 2017, une nouvelle évaluation est publiée : 25,14 milliards. Un an plus tard, le couperet tombe, la Cour des Comptes chiffre aujourd'hui l'ensemble des métros automatiques du Grand Paris Express à 38,48 milliards d'euros, en incluant les participations financières, à partir des éléments transmis par la Société du Grand Paris (SGP).

Face à un dérapage de plus de 10 milliards d'euros, la SGP n'a pas les ressources adéquates pour tenir sa trajectoire prévisionnelle de financement des travaux et de remboursement des emprunts. Bref, des revenus supplémentaires doivent lui être affectés pour espérer tenir le calendrier présenté le 22 février par le Premier Ministre, qui, nous l'avons vu dans mon billet précédent, a revu sérieusement à la baisse la réalisation des métros à l'échéance des Jeux Olympiques de 2024.

Le financement de la SGP repose sur des ressources affectées (taxe sur les bureaux, qui est censée croître avec les nouveaux immeubles construits à proximité des futures stations, imposition sur les entreprises de réseaux (SNCF et RATP- et taxe spéciale d'équipement prélevée sur les entreprises et les particuliers -via la taxe d'habitation-) et l'emprunt. S'il n'est pas envisageable d'augmenter les emprunts, de nouvelles taxes ou impôts sur les contribuables (particuliers ou personnes morales) doivent être levées. 

Au début du mois de février, la Présidente de la région Ile-de-France, Valérie PECRESSE, qui préside également Ile-de-France Mobilité (ex STIF), l'autorité organisatrice des transports en Ile-de-France, qui est financée par le Versement transport recouvré auprès des entreprises, a proposé de créer un taxe additionnelle à la taxe de séjour, payée par les clients des hôtels, pour financer la SGP. 

Je suis favorable à une telle proposition. Il paraît en effet légitime que tous les acteurs économiques de la région, qui bénéficieront des retombées de la construction de ces lignes de métros en supportent une partie du coût. Or la profession, qui a certes subi l'impact des attentats et celui de la concurrence déloyale de airbnb, fait de la résistance en alléguant de la perte d'attractivité de Paris en cas de hausse. Argument repris par une partie de la Droite.

Mais de quel montant parle-t-on ? A Paris, où cette taxe rapporte environ 90 millions d'euros par an, elle représente un coût de 4 euros par nuit à un riche touriste étranger descendant dans un palace où il paiera son hébergement d'une nuit quelques centaines, voire quelques milliers d'euros. Pour un touriste se dirigeant dans un modeste 5 étoiles, il en coûtera 3 euros, alors que le prix d'une chambre atteindra facilement 200 à 300 euros la nuit. Dans un 4 étoiles, on parle de 2,25 euros par nuit pour une chambre d'hôtel coûtant une centaine d'euros. Plus proche de nous, à Saint-Denis, le coût de la taxe de séjour pour une nuitée au Novotel de la Porte de Paris, situé au pied du métro est de 1,4 euros pour une chambre de classe supérieure facturée à 79 euros la nuit (j'ai le détail d'une facture d'un parent qui y a séjourné au printemps dernier). La différence entre Paris et Saint-Denis réside dans le fait que la taxe de séjour est fixée par la commune ou l'intercommunalité.

Bref, vous l'aurez compris. Malgré les affirmations volontairement alarmistes du syndicat des hôteliers, doubler ces taxes, pour affecter une partie du produit à la SGP, ne détournera pas les touristes français et étrangers de prendre des nuits d'hôtels à Paris ou en banlieue. Faire croire le contraire nécessite une bonne dose de mauvaise foi. Qui peut croire qu'un millionnaire américain, russe, saoudien, chinois ou autres, va renoncer à visiter la ville lumière parce que la taxe de séjour par nuitée passera de 5 à 10, voire éventuellement 15 euros ?

Bref, nos amis touristes sont les bienvenus et contribueront, à travers leur modeste écot à la construction de nouvelles lignes de métros dont les usagers ont besoin.

Grand Paris Express (1) : retards entérinés et absence de pilotage

Le Premier Ministre a rendu jeudi ses arbitrages jeudi 22 février 2018. La catastrophe pressentie au cours des derniers mois aura bien lieu : très peu de lignes du Grand Paris Express (GPE) seront prêtes en 2024.

Certes, Saint-Denis accueillera la ligne 14 sur son territoire à la nouvelle station Saint-Denis Pleyel, que le combat que j'ai mené au cours des dernières années a permis de ne pas confondre avec la station Carrefour Pleyel qui abrite la ligne 13, malgré les efforts de nos élus locaux pour duper la population afin de lui faire croire que la 13 sera en correspondance avec les nouvelles ligne 15, 16 et 17. Cependant, le calendrier est complètement remanié pour les autres lignes.

Si l'on en croit les annonces gouvernementales, la colonne vertébrale nord-sud du Grand Paris Express, la ligne 14, sera bien achevée avant les Jeux Olympiques, ce qui est très positif. La ligne 15 sud, dont la construction est lancée depuis un peu plus d'un an, sera achevée en 2024, contre 2022 initialement. Les lignes 16 et 17, qui devaient être mises en service pour fin 2023, début 2024, c'est-à-dire pour les Jeux Olympiques de Paris qui se dérouleront pendant l'été 2024, seront partiellement achevées à cette date.

La ligne 17 devrait desservir en 2024 la station Aéroport du Bourget, avec toutefois une incertitude de quelques mois sur la date de mise en service effective de cette station desservant le centre des médias et plusieurs épreuves sportives, qui rend incertain son fonctionnement pendant l'été 2024. Si le ridicule tuait, un grand nombre de bureaucrates et d'élus y passeraient ! De son côté, la ligne 16 devrait être terminée en 2024 jusqu'à Clichy-Montfermeil. Mais là encore, personne ne sait si quelles stations seront réellement en service le 2 août 2024, lors de l'ouverture des Jeux Olympiques. Inutile de préciser que les maires qui prévoient de construire ou moderniser des infrastructures sportives, hotelières, etc sont ravis de la situation...

La réalisation de la ligne 18, l'achèvement des lignes 15 (dont le tronçon nord devant desservir le Stade de France), 16 et 17 sont repoussés au-delà de 2024.... Les calendriers annoncés jeudi n'ont qu'une valeur relative (2025, 2027, après 2030...). Un flou artistique règne. A l'instar du chantier de tous les chantiers de métro, qui prennent systématiquement du retour par rapport au calendrier annoncé, on doit froidement envisager que la plupart ne seront pas mis en service aux dates prévues, avoir avant 2030, voire au-delà. Certains tronçons pourraient à la fin carrément disparaître des agendas. Une fois que les Jeux Olympiques seront passés, le roi sera nu.

Pour conclure, je voudrais rappeler le poids de la folie des grandeurs des hommes politique franciliens, qu'ils siègent au niveau national (députés, ministres) ou local (maires, conseillers territoriaux, départementaux et régionaux) dans ces retards. En 2007, la région Ile-de-France de gauche et le gouvernement de droite vont s'opposer, la première proposant Arc Express, le second Métro du Grand Paris. Pendant dix ans, les études et les annonces succéderont aux études et aux annonces, enrichissant les communicants et les rois du béton, les politiques joueront leurs pions dans cette partie de Go pour affirmer leur pouvoir, mais retardant encore plus le premier coup de pioche. Qu'est-il resté de tout cela ? Pas grand chose, le rapport de la Cour des Comptes paru mi-janvier a jeté à bas les masques, expliquant en creux que les centaines de millions d'euros dépensés au cours de la décennie écoulée ont produit des études, des calendriers volontairement optimistes, pour ne pas dire mensongers. Pourquoi y-a-t-il davantage de bureaucrates à la Société du Grand Paris que d'ingénieurs ? Lorsque mon fils est né en 2007, on promettait l'achèvement d'Arc Express en 2019-2020 pour 6,5 milliards d'euros....  Amis lecteurs, ceux d'en haut, qui dirigent dans cette ville, cette région et ce pays n'ont strictement rien à faire de nous, mais ont tous tiré profit de la décennie écoulée. Et aucun d'entre eux ne sera sanctionné.