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dimanche 15 décembre 2013

Elections municipales 2014 à Saint-Denis : pourquoi le tandem Patrick BRAOUEZEC/Didier PAILLARD va perdre et Mathieu HANOTIN gagner

Amis lecteurs, je vous convie à une analyse du premier tour des élections cantonales de 2011 à Saint-Denis Nord-Ouest.

Souvenez-vous, il y a deux ans, des élections se déroulaient sur l'un des trois cantons de Saint-Denis, celui de Saint-Denis Nord-Ouest. Florence HAYE était candidate, 7 ans après les élections de 2004, à sa réélection. Face à elle, le PS et Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) présentaient Fatima LARONDE, militante écologiste.

Pourquoi revenir maintenant sur ses élections, et les comparer avec le premier tour des élections législatives de 2012 ? Il y a plusieurs raisons à cela.

1. La proximité des élections municipales de 2014
Celles-ci se déroulent dans 3 mois il n'est pas inutile d'essayer de se livrer un exercice de comparaison des rapports de force.

2. Un espace deux en un
Ce canton est très bien délimité :
- au sud et au sud-ouest le canal de Saint-Denis
- au nord-ouest et au nord, les vois ferrées
- à l'Est, la rue Gabriel Péri puis l'avenue Roger Sémat qui est une partie de la N1.

Par ailleurs, deux grandes unités géographiques le composent :
- au sud, le centre historique et ses faubourgs composant la vieille ville de Saint-Denis
- au nord, des cités construites entre les années 1950 et 1970.
L'axe formé par le boulevard Carnot et la rue Paul Eluard sépare ces deux ensembles.

3. Un corps électoral en faible progression :
Entre 2011 et 2012, le nombre d'électeurs inscrits a peu augmenté (+ 2,61 %), sans évolution notable dans la répartition de la population au sein du canton, contrairement à ce qui s'était passé entre 2004 et 2011.

4. Un canton charnière :
La commune de Saint-Denis est découpée en trois cantons. Les cantons Sud et Nord-Est, qui sont respectivement détenus par le Parti Socialiste (Mathieu HANOTIN, notre député) et la Gauche de gauche (Bally BAGAYOKO, obligé de Patrick BRAOUEZEC), et le canton de Saint-Denis Nord-Ouest. Ce dernier canton a vu la réélection de Florence HAYE en 2011 (une autre créature de Patrick BRAOUEZEC), mais a basculé lors des législatives de 2012 en mettant en tête Mathieu HANOTIN aux deux tours. 

5. La vertu des premiers tours
En France, notre système électoral, essentiellement au scrutin majoritaire et sans fermer la porte à d'éventuelles triangulaires ou quadrangulaires, polarise la vie politique de nos collectivités autour des affrontements entre deux forces politiques, la Droite et la Gauche. Mais ici, à Saint-Denis, cet affrontement se déroule entre la Gauche sociale-démocrate et les Gauches de Gauche (pour reprendre l'expression que Patrick BRAOUEZEC et ceux qui le suivent se donnent), la Droite étant localement divisée.

Comparer des premiers tours, quand l'électorat est stable sur le plan démographique et sociologique, est donc très utile pour comprendre les dynamiques électorales du territoire étudié.

Amis lecteurs, voici tout d'abord une carte représentant le rapport de force entre Florence HAYE (Front de Gauche) et Fatima LARONDE (EELV-PS) au 1er tour des élections cantonales de mars 2011 :


Ensuite, deux tableaux statistiques représentant les résultats comparés de Florence HAYE et de Fatima LARONDE aux élections cantonales de 2011 et ceux de Patrick BRAOUEZEC aux élections législatives de 2012.



Que nous apprennent ces documents ?

A. L'absence d'opposition nord-sud :
Contrairement à ce qui est communément admis, aucune fracture politique ne se superpose à la fracture urbaine nord-sud. En apparence, le canton pourrait apparaître divisé entre un Nord votant pour Florence HAYE et un Sud votant pour Fatima LARONDE (une lutte politique entre bobo et populo). Or, il n'en est rien.

Dans les bureaux de vote situés dans la vieille ville (partie sud du canton, les huit premiers bureaux), Fatima LARONDE recueille 622 voix au 1er tour, tandis que Florence HAYE obtient pour sa part 639 voix. Celle-ci dépasse légèrement sa rivale au 1er tour, même si 5 bureaux placent Fatima LARONDE en tête.

Au premier tour des élections législatives de 2012, le scénario est l'exact opposé. Cette fois-ci, Mathieu HANOTIN dépasse légèrement Patrick BRAOUEZEC : 1216 voix, contre 1157 voix au député de la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE).

Pour leur part, les bureaux de vote situés dans les cités, au nord de la vieille-ville, placent nettement en tête Florence HAYE en 2011, mais tout juste Patrick BRAOUEZEC en 2012. Au premier tour des élections législatives de 2012, celui-ci ne l'emporte plus que de 42 voix (815 contre 773 à Mathieu HANOTIN), alors que Florence HAYE disposait de 129 voix d'avance en 2011 (427 contre 298).

Qui plus est, au premier tour des cantonales 2011, les électeurs des deux bureaux des cités les plus au nord (Delaune, Sémard) ont placé pour l'un le Front National en tête et pour l'autre la candidate EELV-PS. Un désaveu sans appel pour la candidate Florence HAYE et plus largement la politique municipale.

B. Un corps électoral peu dynamique

En 2011, 12 228 électeurs étaient inscrits, contre 10 780 pour les élections cantonales de 2004. Le corps électoral augmentait de 13,43 %, cette hausse étant concentrée essentiellement dans la partie nord du canton où le nombre d'électeurs dans ces bureaux progressaient de près de 30 % ! Inversement, entre 2011 et 2012, le corps électoral progresse peu, passant de 12 228 à 12 547. La partie sud du canton comprend 225 électeurs de plus et le nord du canton 64.

Au 1er tour des cantonales de 2011, seulement 3 493 personnes ont voté sur l'ensemble du canton, soit 71,43 % d'abstention. En 2004, l'abstention était de 44,34 % avec 6 001 votants dans ce canton. Au 1er tour des législatives de 2012, l'abstention s'établit à 52,75 % (5 929 votants).

A Saint-Denis, la participation s'effondre élection après élection, ce qui n'est pas une spécificité dionysienne, mais prend un tour dramatique en raison d'un taux d'abstention largement plus élevé que celui rencontré au niveau national ou dans les collectivités comparables.

Cependant, l'atrophie du nombre de votants est globalement comparable aussi bien au nord qu'au sud du canton. Il n'existe pas de populations prenant le pas sur d'autres à Saint-Denis, contrairement aux chiffons rouges agités par la municipalité. Les bobos ne chassent pas les classes populaires. Le vote des classes populaires fait et défait les élus locaux à Saint-Denis.

C. Une participation électorale contraire aux Gauches de Gauche
La participation aux législatives, forcément meilleure, permet d'observer une dynamique électorale plus favorable à la Gauche sociale-démocrate.

Entre les premiers tours des cantonales de 2011 et des législatives de 2012, le rapport de force évolue de la manière suivante :

. Partie sud du canton :
Hausse de 95 % de la Gauche sociale-démocrate, qui passe de 622 à 1216 voix ;
Hausse de 81 % des Gauches de Gauche, qui passe de 639 à 1157 voix ;

. Partie nord du canton :
Hausse de 159 % de la Gauche sociale-démocrate, qui passe de 298 à 773 voix ;
Hausse de 90 % des Gauches de gauche, qui passe de 427 à 815 voix.

Il n'y a pas de quartiers réservés aux Gauches de Gauche à Saint-Denis. Il est loin le temps où les militants quadrillaient le terrain et tenaient chaque habitant. Des élus comme Patrick BRAOUEZEC et Didier PAILLARD ont d'ailleurs participé à la liquidation des structures du communisme municipal, également mis à mal par les évolutions géopolitiques et, tout simplement, par la prise d'âge des militants. En conséquence, le vote en faveur de la Gauche sociale-démocrate s'enracine à Saint-Denis.

Comment cela est possible ? 

La Gauche sociale et démocrate profite de l'usure de la municipalité en place et de ses dirigeants, mais pas ou peu de l'arrivée de populations des classes moyennes dans la vieille-ville de Saint-Denis.

Le corps électoral ayant peu évolué entre 2011 et 2012, il ne serait pas sérieux de prétendre que les bobos ont voté pour les socialistes et qu'ils les auraient fait gagné. Il faut bien comprendre que beaucoup de ces bobos sont en fait proches de l'Extrème-Gauche. Ainsi, nombre d'entre-eux, père ou mère d'enfants scolarisés dans l'école maternelle où était mon fils, tractaient en 2011 au profit de la candidate Front de Gauche et militaient encore pour Patrick BRAOUEZEC en 2012. Le vote des habitants dans l'ensemble du canton reflète leur lassitude à l'égard d'une action municipale insuffisante et de promesses non tenues. Les catégories populaires rejettent des hommes politiques qui ne répondent pas à leurs aspirations. Nous savons combien pour le duo Patrick BRAOUEZEC/Didier PAILLARD le verbe tient lieu d'action.

L'ancien député, Patrick BRAOUEZEC, a d'ailleurs été mis en difficulté dans les cités. Le meilleur écart qu'il obtient par rapport à Mathieu HANOTIN est au bureau des Joncherolles (+ 35 % de voix). En 2011, Florence HAYE obtenait jusqu'à 115 % de voix d'avance sur Fatima LARONDE au bureau de Delaunay-Belleville. Sur 7 bureaux, Patrick BRAOUEZEC ne remporte vraiment que 3 bureaux, sa place de premier dans trois autres étant très fragile et contestée par Mathieu HANOTIN, qui arrive premier dans un bureau.

Que conclure de tout cela pour les élections municipales de mars 2014 ?

La liste du Parti Socialiste conduite par Mathieu HANOTIN, avec des habitants engagés comme votre aimable serviteur, l'emportera dans son duel avec la liste des Gauches de gauche de Patrick BRAOUEZEC et de Didier PAILLARD. Concrètement, vous observerez qu'à l'issue du premier tour deux des trois cantons de Saint-Denis mettront la Gauche sociale-démocrate en tête (canton de Saint-Denis Sud et canton de Saint-Denis Nord-Ouest), ainsi qu'une partie des bureaux de vote du canton de Saint-Denis Nord-Est.

Sur le plan politique local, la stratégie de Patrick BRAOUEZEC et de Didier PAILLARD, qui ont très bien compris la situation dangereuse dans laquelle ils se trouvent (perte de la municipalité et de tout ce qui va avec), est de s'afficher, comme en 2008, comme la vraie Gauche, pour stigmatiser le Parti Socialiste accusé d'être de Droite. Le ralliement vendredi 13 décembre de la section locale d'EELV à Patrick BRAOUEZEC était à cet égard prévisible, car obéissant à une logique politique, mais certainement pas à une logique de projet. Il y a des élus verts à Saint-Denis et dans les villes voisines qui doivent tout à Patrick BRAOUEZEC et qui préfèrent que la mairie de Saint-Denis reste entre ses aux mains, plutôt que de la voir contrôler par le Parti Socialiste. Rajoutons que la stratégie nationale de ce parti poussait à ce ralliement. Pour sa part, Georges SALI annoncera son ralliement dès le soir du premier tour, le dimanche 23 mars, car son petit score et son positionnement ne lui donneront aucune autre marge de manoeuvre.

Il n'y aura pas de match à trois au deuxième tour ! La Droite est divisée par des rivalités personnelles et sera en partie cannibalisée par le Front National (si celui-ci arrive à monter une liste ?). En tout état de cause, le parti d'Extrème-Droite n'arrivera pas à un score suffisant pour un deuxième tour. Le vote protestataire ne suffira pas et ce parti n'a localement plus d'incarnation physique dans des cadres et des militants dionysiens, contrairement aux années 1990, malgré le ralliement de Didier LABAUNE, conseiller ex-UMP.

Enfin, je rappelle que je souhaite, qu'entre les deux tours, les militants communistes orthodoxes nous rejoignent. Le Parti Communiste, qui a un véritable lien charnel avec les dionysiens, ne doit pas pâtir des manoeuvres de Patrick BRAOUEZEC et de Didier PAILLARD et sombrer avec ses fossoyeurs.

mardi 10 décembre 2013

Patrick BRAOUEZEC se voit siéger en 2015 au Conseil régional !!!

Décidément, les vieux routiers de la politique ont du mal à décrocher. Dans une interview au Monde de ce jour, 10 décembre 2013, Patrick BRAOUEZEC, Président de la Communauté d'agglomération Plaine Commune, mais battu aux législatives de 2012, s'en prend au projet de métropole parisienne et annonce qu'il sera candidat aux élections régionales de 2015... 

Voici les deux dernières phrases, qui conclut la fin de l'interview : "En 2015, le débat reviendra à l'occasion des régionales. Je m'engagerai dans cette élection pour défendre une autre conception de la Métropole." L'interview est disponible sur le site du Monde
  
N'a-t-il donc pas fait de provisions pour sa vieillesse ? Pourquoi ne renonce-t-il pas ? Et que l'on ne vienne pas me dire que cet homme politique a des idées. Prenons deux des arguments qu'il invoque : l'impact fiscal sur Paris et l'éviction des classes moyennes.

Sur le plan fiscal, les Parisiens, dont la moyenne des revenues progressent chaque année devant le recul de la mixité sociale, seront amenés à payer davantage d'impôts locaux. Il est scandaleux que ceux-ci paient des taxes d'habitation et foncière ridicules, alors que les banlieusards, c'est-à-dire nous, supportons des niveaux de prélèvements bien plus élevés. Ce réajustement en notre faveur, car nous paierons certainement moins d'impôts locaux avec une collectivité unique, Patrick BRAOUEZEC le combat.

Concernant l'éviction des classes moyennes, la considération que notre ancien député nous porte prête à sourire. Les classes moyennes n'ont jamais été la préoccupation de Patrick BRAOUEZEC, pas plus qu'elles ne l'ont été pour les créatures politiques qu'il a installé à la mairie de Saint-Denis. Après avoir tout fait pour repousser l'installation des classes moyennes à Saint-Denis (je rappelle qu'il faut gagner le smig pour entrer dans la catégorie classe moyenne), il va tenter de se faire élire au Conseil régional d'Ile-de-France en 2015 en se présentant comme leur défenseur. Prétendre que tout le territoire de la métropole va connaître une inflation des prix de l'immobilier pour se mettre au niveau du 1er ou du 8ème arrondissement est une véritable escroquerie intellectuelle. En fait, la future métropole parisienne sera à l'image de Marseille, une et plurielle. Les barrières intellectuelles, dressées et entretenues dans l'esprit des habitants les plus modestes des communes de banlieue, afin de susciter le rejet de Paris et de les réduire en clientèle politique captive, tomberont.

Enfin, je concluerai sur le refus de Patrick BRAOUEZEC d'imposer aux maires de respecter leurs obligations de construction de logements sociaux. La ségrégation sociale et ethnique a décidément de beaux jours avec la Droite et ces élus qui se qualifient de gauche de gauche, mais copinent avec les ultra-libéraux. Comme je l'ai déjà démontré dans un précédent billet, ces gens se satisfont d'une mixité sociale de juxtaposition et non de mélange.

mardi 27 décembre 2011

Les espérances des jeunes de banlieues... incomprises des élus locaux pour qui "la ville avance"

La politique de la ville date des années 1980. Avec l'arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981, les actions qui avaient débuté sous Giscard s'amplifient et dépassent la question du logement (création des Zones d'Education Prioritaire en 1981 par exemple). Cette politique de la Ville est consacrée par la création du Ministère de la Ville en 1991.

Cette politique de Ville, qui a en réalité consisté en une politique de la banlieue (regardez où vont l'essentiel des crédits, comme ceux de l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine), et pour laquelle ce sont des dizaines de milliards d'euros d'argent public qui ont été déversés, est un échec que chacun d'entre nous peut constater. Les problématiques qui existaient dans les années 1980 n'ont pas disparu et se sont amplifiées : chômage, violences (drogues, bandes...), dégradation urbaine, repli.

Dans ces conditions là, je voudrais donner un coup de pouce à ces malheureuses créatures politiques qui se trouvent en échec face à ces problématiques, ceux que nous appelons des élus locaux. Vu qu'ils n'ont visiblement rien compris, puisque depuis 30 ans les problèmes perdurent, je les invite à écouter une chanson de Jean-Jacques GOLDMAN qui date de 1983 : envole-moi.

Dans cette chanson, Jean-Jacques GOLDMAN évoque très bien le malaise de ceux qui vivent dans les banlieues et leur souhait d'y échapper. Curieusement, quand je vois comment notre ville est gérée, je me dis que les élus locaux ne doivent pas être fans de Jean-Jacques GOLDMAN.

A partir de n'importe quel moteur de recherche, ils trouveront sur Internet à réécouter ce tube de GOLDMAN, mais pour le cas où, il suffit de cliquer ici pour aller sur You Tube. Et si vraiment, certains n'y arrivent pas, voici les paroles :


Minuit se lève en haut des tours
Les voix se taisent et tout devient aveugle et sourd
La nuit camoufle pour quelques heures
La zone sale et les épaves et la laideur

J'ai pas choisi de naître ici

Entre l'ignorance et la violence et l'ennui
J'm'en sortirai, j'me le promets
Et s'il le faut, j'emploierai des moyens légaux

Envole-moi ...

Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
Envole-moi ...
Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots
Envole-moi

Pas de question ni rébellion

Règles du jeu fixées mais les dés sont pipés
L'hiver est glace, l'été est feu
Ici, y'a jamais de saison pour être mieux

J'ai pas choisi de vivre ici

Entre la soumission, la peur ou l'abandon
J'm'en sortirai, je te le jure
A coup de livres, je franchirai tous ces murs

Envole-moi ...

Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
Envole-moi ...
Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots
Envole-moi

Me laisse pas là, emmène-moi, envole-moi

Croiser d'autres yeux qui ne se résignent pas
Envole-moi, tire-moi de là
Montre-moi ces autres vies que je ne sais pas
Envole-moi ...
Regarde moi bien, je ne leur ressemble pas
Me laisse pas là, envole-moi
Avec ou sans toi, je n'finirai pas comme ça
Envole-moi, envole-moi, envole-moi ...


Je fais parti de ceux qui pensent qu'il n'est pas encore trop tard pour inverser ces tendances, mais que ceci ne viendra pas des élus en place qui répètent les erreurs ayant abouti à la crise des banlieues.

En attendant les prochaines élections, je souhaite à chacune et à chacun d'entre vous de continuer à profiter de ces jours de Fêtes et, pour ceux et celles qui ne sont pas encore en vacances (comme votre aimable serviteur), de patienter sereinement avant de goûter au repos promis. D'ici là, je vous invite à une réflexion que ne feront jamais nos élus : à nos actes manqués.

PS : le jeudi 29 décembre, correction d'erreurs

vendredi 29 juillet 2011

Les armes, un fléau pour nos jeunes gens

Tous les spécialistes (criminologues, sociologues...) vous le confirmeront : la possession d'une arme ou d'un objet pouvant servir d'arme est un facteur favorisant le passage à l'acte. En clair et pour parler le plus simplement du monde, un individu sera d'autant plus tenté de frapper et de voler qu'il possèdera une arme.

Pour information, voici la classification des armes telle que prévue par la loi (décret modifié du 6 mai 1995 n°95-589). Elles sont regroupées en 8 catégories :

- 1ère catégorie : Armes à feu et leurs munitions conçues pour ou destinées à la guerre terrestre, navale ou aérienne ;
- 2e catégorie : Matériels destinés à porter ou à utiliser au combat les armes à feu ;
- 3e catégorie : Matériels de protection contre les gaz de combat et produits destinés à la guerre chimique ou incendiaire : matériels complets, isolants ou filtrants, ainsi que leurs éléments constitutifs suivants : masques, dispositifs filtrants, vêtements spéciaux ;
- 4e catégorie : Armes à feu dites de défense et leurs munitions dont l'acquisition et la détention sont soumises à autorisation ;
- 5e catégorie : Armes de chasse et leurs munitions ;
- 6e catégorie : Armes blanches ;
- 7e catégorie : Armes de tir, de foire ou de salon et leurs munitions ;
- 8e catégorie : Armes et munitions historiques et de collection.

Inutile de préciser que l'acquisition et la détention des armes relevant des 4 premières catégories sont interdites, sauf exception. Pour les 4 dernières catégories, sachez qu'aucun mineur de moins de 16 ans n'est pas autorisé en a détenir et ceux de 16 à 18 ans doivent disposer de l'autorisation du représentant légal et d'un permis de chasse ou d'une licence de tir. Ces exigences sont également valables pour les adultes, sauf dans le cas des armes de 7e et 8e catégorie.

Bref, nos enfants devraient a priori être protégés de ce fléau, mais force est de constater qu'il n'en est rien et que nombreux sont nos jeunes qui possèdent une arme blanche (couteau, poings américains...), voire des pistolets, qui se révèlent souvent être des répliques.

En effet, dans les années 90, des répliques d'armes de guerre (pistolets, mais aussi fusils d'assaut, mitrailleuses !?!) ont fait leur apparition, suscitant à juste titre la réaction du législateur. Ces armes tirent de petites billes de plastique avec une portée de plusieurs dizaines de mètres (pour les plus puissantes jusqu'à une cinquantaine de mètres). Ce qu'il faut comprendre, c'est que ces armes représentent un vrai danger à courte portée, et ce d'autant que certaines peuvent tirer en rafales et causer de graves blessures sur le corps, notamment les parties les plus sensibles (visages...). Classés en 7e catégorie, des personnes majeurs peuvent donc les acquérir très facilement.

Alors disons-le, quand je vois une boîte d'un de ces pistolets par terre en faisant mon jogging (rue Jesse Owens fin 2010) ou un camelot du marché en vendre sur le marché de Saint-Denis (dimanche dernier, le 24 juillet sur un stand place Victor Hugo), je suis consterné.

Aussi, je voudrai tirer un coup de chapeau aux forces de l'ordre qui agissent avec efficacité pour lutter contre ce fléau. Le 12 juillet dernier, la police a saisi une partie des armes d'une des deux armureries situées sur le marché des Puces à Saint-Ouen. Le jugement du tribunal administratif retirant l'autorisation de vendre des armes soulignait que "les conditions mêmes de l'exploitation du commerce sont à l'origine de troubles répétés à l'ordre et à la sécurité publics". Sincèrement, je pense que les conditions les plus rigoureuses devraient entourer ce type de commerce et je suis même favorable à leur interdiction. Quel parent sain d'esprit pourrait justifier que son enfant veuille s'acheter ou possède un cran d'arrêt ?

Cependant, je pense qu'au-delà même de la détention d'armes à feux, il faut également s'attaquer à tout ce qui conduit à inciter à leur emploi.

Alors, je ne vous ferai pas la critique des jeux vidéos, maintes fois entendues et en réalité sur lesquels les données ne permettent pas de conclure de façon définitive et certaine à un impact. A titre personnel, j'ai la conviction que les jeux qui nécessitent, non des manettes, mais des armes reliées à la console n'aident pas à rendre pacifique les enfants.

Non, c'est l'ardeur guerrière qui touche une partie de notre jeunesse qui m'inquiète et, à cet égard, j'avais été très étonné de découvrir la sympathie pour la chose militaire de nos élus locaux. Le Journal de Saint-Denis avait en effet pondu un article sur le bureau de recrutement de Saint-Denis, cinquième plus important recruteur (lejsd n°818 du 10 au 16 février 2010). A mon grand étonnement, alors que je m'attendais à un article différemment rédigé par un journal complètement financé par des élus locaux qui se disent plus à gauche que tous les autres, il n'y avait pas une interrogation, pas une critique ou une nuance de la chose militaire dans cet article.

En même temps, comme ces élus flirtent avec les responsables de la mondialisation financière pour dresser leurs tours de bureaux et se servent des Roms pour faire de la communication avant de les laisser dans la misère, ce n'est donc pas étonnant qu'ils bafouent les idées qu'ils prétendent défendre et se moquent des électeurs de gauche.

Dans la formation au maniement des armes de nombreux jeunes hommes et dans leur retour chez eux après emploi dans des pays exotiques, la grande victime est la paix. Quel avenir pour des hommes qui savent manier un fusil d'assaut AK-47 ? Combien ont-ils une réelle formation leur permettant de se réinsérer (trouver un emploi, s'installer dans son propre logement, fonder une famille) ? Et finalement, est-il étonnant de voir certains "soldats perdus" recrutés par les trafiquants qui veulent faire régner leur loi...

Je suis très favorable à une action civique orientée, dès le plus jeune âge, sur des valeurs défendant la tolérance, la paix, la compréhension de l'autre. Dans la conception de l'action municipale qui est la mienne, celle-ci doit jouer un rôle moteur, exemplaire même, vis-à-vis de ses jeunes administrés. Je compte bien, à partir de 2014, mener une politique plus en phase avec les vraies valeurs de la gauche en ce domaine.