vendredi 29 novembre 2019

Le "Louvre Saint-Denis" : pourquoi ne pas transformer l'ancien siège de "l'Humanité" en un musée rattaché au Louvre ?

Depuis presque dix ans, je me bats pour que l'ancien siège de l'Humanité devienne un musée ou une institution culturelle. 

Pour mémoire, l'ancien siège du quotidien l'Humanité a été construit entre 1987 et 1989. Je vous invite à revoir ce reportage télévisée diffusée à l'achèvement des travaux où l'on peut observer le bâtiment dans un face-à-face solitaire magnifique avec la Basilique de Saint-Denis, puisqu'il a été le premier immeuble construit avec la destruction de la partie nord du centre-ville de Saint-Denis dans les années 1980. Construit par Oscar NIEMEYER, l'architecte qui a bâti Brasilia, la capitale du Brésil, cet immeuble est en partie inscrit aux Monuments historiques depuis 2007.

Les journalistes de l'Humanité ont occupé le site de 1989 à 2008, date à laquelle le bâtiment a été vendu pour essayer de faire face aux difficultés financières du quotidien. Depuis, les équipes de l'Humanité errent d'immeubles en immeubles, victimes de la baisse du nombre de lecteurs et de la spéculation immobilière, comme je l'écrivais en 2012, en attendant leur prochain déménagement ou leur prochain licenciement... 

Constatant l'inadaptation des locaux actuels de la sous-préfecture, la municipalité de Saint-Denis a plaidé tout au long des années 2010 pour la ré-installation des services de la sous-préfecture dans le bâtiment. La nécessaire réimplantation des services de l'Etat dans des locaux spacieux et dignes vient enfin de trouver son dénouement, mais pas dans l'immeuble construit par le célèbre architecte brésilien. Dans le cadre du plan pour un "Etat plus fort" en Seine-Saint-Denis, le gouvernement vient d'annoncer que la sous-préfecture de Saint-Denis serait relogée d'ici à 2021 dans l'ancienne succursale de la Banque de France, située rue Catulienne. Afin qu'il puisse recevoir le public et les fonctionnaires y travaillant, ce superbe bâtiment du 19ème siècle sera réaménagé pour un coût évalué à 12 millions d'euros. Il s'agit d'une des 23 mesures d'un plan, malheureusement insuffisant au regard de besoins qui sont immenses.

Ayant plaidé pour que les 7 000 mètres carrés du batiment Niemeyer soit affecté à un autre usage qu'administratif, je me félicite de ce choix de l'Etat, qui emploie utilement le bâtiment de la Banque de France, dont on peut se demander ce qu'il serait devenu en l'absence d'un occupant. Comme je le rappelais à Stéphane PEU en 2016 (à l'époque il était l'indétrônable maire-adjoint à l'urbanisme de Saint-Denis, avant d'être élu député en 2017), les entreprises ou les administrations sont récalcitrantes à l'occupation de bureaux au nord de l'A86. Les échecs dans la construction de bureaux à la Porte de Paris ou à la gare de Saint-Denis, et la relocalisation du siège de Plaine Commune Habitat (l'office HLM du territoire) du boulevard Jules Guesdes (à un jet de pierre de la rue catulienne) à la Porte de Paris, sont là pour le rappeler...

Cette décision de l'Etat laisse donc disponible l'ancien siège de l'Humanité pour un projet ambitieux ! Rappelons que l'Etat est propriétaire du bâtiment depuis 2010, l'immeuble ayant d'abord été cédé à des investisseurs privés.

Conformément à la position que j'ai publiquement prise il y a dix ans, je propose que l'ancien siège de l'Humanité devienne un musée baptisé le "Louvre Saint-Denis". Rappelons qu'il existe deux franchises du Louvre, l'une en France, baptisée "Le Louvre-Lens", porté par des acteurs publics locaux, et une deuxième, connue sous le nom de "Louvre Abu Dhabi", qui a fait l'objet d'un contrat avec les Emirats Arabes Unis, dont les Français suivent la chronique dans les pages du Canard Enchainé. De manière à ce que le projet soit rapidement mis en oeuvre et bénéficie d'une caution scientifique inconstestable, il serait sage que l'Etat pilote directement le projet "Le Louvre-Saint-Denis" via le Ministère de la Culture et de la Communication et l'Etablissement public qu'est le musée du Louvre et non pas l'abandonner aux mains d'autres acteurs.

Pour les Dionysiens et les Séquano-Dionysiens, l'implantation d'un musée dans l'immeuble d'Oscar Niemeyer présente plusieurs intérêts :

Améliorer les finances publiques.
Un bâtiment vide représente un gaspillage d'argent public. Même si l'extérieur est délabré, il coûte quand même de l'argent, qui serait mieux employé à d'autres besoins comme l'éducation... Par ailleurs, un musée fréquenté (et avec la marque Louvre, la Basilique et le métro, les touristes afflueront...) rapporte de l'argent. Les recettes ainsi générées pourraient participer au financement d'autres missions de service public, comme l'éducation...

. Aménager l'Ile-de-France pour abolir les barrières entre l'ancienne "banlieue rouge" et Paris.
L'aménagement du territoire, ce n'est pas simplement une question entre Paris et la province, comme il y a cinquante ans. C'est aujourd'hui un problème entre Paris et sa banlieue, en particulier l'ancienne "banlieue rouge" qui accueille les populations les plus défavorisées de l'Ile-de-France, contrairement à d'autres communes. La différence entre Paris et des communes comme Neuilly, Levallois n'est effectivement pas flagrante...
Les grands projets culturels de François MITTERAND concernaient Paris, y compris l'Est parisien, et la province. Jacques CHIRAC a fait le musée du quai Branly. Le Président de la République actuel, Emmanuel MACRON, pourrait marcher en partie dans les traces de ces prédécesseurs, mais en privilégiant la banlieue. L'oeuvre d'Oscar NIEMEYER serait un formidable écrin à une impulsion présidentielle. Et puis, il est anormal que la banlieue ne soit réduit qu'à un espace de stockage, au prétexte qu'il y a de la place, que le foncier est peu cher et disponible. Les équipements culturels arrivés au cours des décennies précédentes ne sont quasiment jamais ouverts au public (réserves du CNAM à la Plaine Saint-Denis, archives nationales à côté du terminus de la ligne 13). Seule une poignée de Séquano-Dionysiens ont mis les pieds dans ces bâtiments !

. Mixer les populations et changer le regard sur les habitants de banlieue.
Je déplore inlassablement et régulièrement la juxtaposition des populations riches et pauvres depuis des années. Je suis d'ailleurs content d'avoir retrouvé récemment mon analyse sous la plume de Jacques ATTALI. Cette politique mortifère, dont les hommes politiques de Droite et de Gauche sont conjointement responsables, est à l'origine des ghettos de riches et de pauvres que l'on connaît et du cercle vicieux qui assigne à résidence la majorité des jeunes gens d'Ile-de-France qui ne sont pas nés dans les territoires les plus riches et les prive de la culture nécessaire à leur ascension sociale.
J'aimerais savoir combien de parents de jeunes filles de la Légion d'Honneur ont pris le temps de s'attarder dans le centre-ville de Saint-Denis, de visiter la Basilique et le Musée Paul Eluard. Il ne faut pas être grand clerc pour savoir que ce nombre est restreint et que ce n'est pas comme ceci que ces bourgeois de Droite et de Gauche vont dépasser leurs préjugés à l'égard de ceux qui habitent la banlieue.

. Faire confiance aux habitants de banlieue.
Créer le musée du "Louvre Saint-Denis", c'est envoyer aux Dionysiens, et plus largement aux Séquano-Dionysiens, le message qu'ils sont Français à part entière. Leur confier la garde de trésors nationaux, c'est apporter une preuve tangible du respect que la Nation leur porte. C'est également lutter contre les extrêmes, contre tous ceux qui les stigmatisent. Cela revient à agir concrètement contre tous ceux aux idées rances qui s'efforcent de priver les habitants de banlieue de l'accès à la culture, qui ont mis en place les politiques de ghettoisation de ces dernières décennies, qui les stigmatisent de manière caricaturale et cantonnent leur insertion économique et social, aux métiers mal payés et précaires. N'oublions pas que l'ouverture à l'autre, c'est la paix. Il serait bien que certains mettent en pratique leurs idées. Les Séquano-Dionysiens ont été assez payés de mots et attendent maintenant des actes.

. Améliorer la sécurité dans le centre-ville.
Le sort des Dionysiens n'émeut pas les acteurs publics de la sécurité (commune et Etat), celui des touristes si. Surtout quand il y a des ambassades étrangères derrière. Autant profiter d'un flot de touristes pour éradiquer la petite délinquance, dont les mamans de notre ville cherchent à protéger leurs enfants.

Je me souviens de cette mère de famille de la cité Pablo Picasso lors de la campagne de 2014 qui m'interpellait sur le modèle que l'on donnait aux enfants lorsque les hommes politiques ne condamnent pas la délinquance et la violence qui l'accompagne. Comment protéger ses enfants quand les pouvoirs publics sont aux abonnés absents ? Comment leur expliquer qu'une vie juste et digne repose sur des efforts ? Elle luttait tous les jours contre un modèle social de violences et s'efforçait de changer la vie de ses enfants. Il serait bien que ceux qui prétendent à des fonctions électives se mettent à servir leurs concitoyens.

Pour conclure, je remercie Alexandre AÏDARA, candidat aux élections municipales pour La République en Marche (LREM), d'avoir relancé le débat sur le devenir de l'ancien siège de l'Humanité en proposant d'en faire "la Grande Ecole du Numérique et de l'Environnement".

Toutefois, je ne suis pas d'accord avec son idée et ceci pour deux raisons. La première est que je juge qu'un musée est plus adéquat, comme je viens de l'expliquer. La seconde est qu'il existe déjà sur notre territoire une école formant aux métiers du numérique et de l'environnement : l'école d'ingénieur Sup-Galilée de l'université Paris XIII à Villetaneuse, que les jeunes Dionysiens connaissent bien. Cette école, qui recrute aussi bien en post-bac, qu'au niveau prépa ou par admission universitaire (niveau DUT, licence ou maîtrise) est très bien classée dans ses spécialités informatique et télécom/réseau. Elle propose ses cursus en formation initiale et en apprentissage, ce qui est un réel atout pour de nombreux jeunes gens éprouvant des difficultés matérielles. Elle offre également une spécialité en énergétique consacré aux métiers de l'environnement. Alexandre AÏDARA a raison de se soucier de la réussite des jeunes gens, mais il doit préciser sa proposition et changer de site. Je lui conseille de lire mon blog pour injecter des idées réellement de Gauche dans son programme.

Je publierai en décembre un billet sur cette belle université Paris XIII qui fait réussir de nombreux jeunes Séquano-Dionysiens et Val d'Oisiens, et qui mériterait de l'aide. La région et le département ont déjà financé des équipements (bibliothèque et gymnase), mais les locaux méritent d'être rénovés (présence d'amiante). Si une collectivité aidait à agrandir les locaux pour accueillir plus de jeunes gens en formation (il n'y a que 60 places offertes aux bacheliers au concours geipi-polytech), ce serait une bonne chose... N'oublions pas qu'à l'occasion des élections municipales de mars 2020, nous élirons les élus du conseil municipal de Saint-Denis et de Plaine Commune, qui pourrait faire quelque chose... En province, de très nombreuses agglomérations financent le développement, l'agrandissement, la rénovation des universités, des IUT. Ici, rien ou presque...

samedi 2 novembre 2019

IUT de Saint-Denis : investir dans la jeunesse

Comme vous le savez probablement, l'Institut Universitaire de Technologie (IUT) de Saint-Denis, situé Place du 8 mai 1945, où cet établissement d'enseignement supérieur est installé depuis 1978, a  inauguré au cours des deux derniers mois deux de ses amphithéâtres rénovés, baptisés respectivement Docteur Denis MUKWEGE, du nom du prix nobel de la pais, et Simone VEIL, grande figure de la politique française de la fin du XXème siècle. En début d'année, un autre amphithéâtre rénové avait été inauguré sous le nom de Rosa Parks, figure américaine de la lutte pour les droits civiques.

La rénovation de ces amphithéâtres n'est que le début du chantier de rénovation du site principal de l'IUT de Saint-Denis. En effet, c'est l'ensemble de l'IUT, qui relève de l'université Paris 13, qui doit être rénové, sous la condition de trouver des financements...

Insuffisamment doté par les gouvernements successifs, comme toutes les autres universités d'ailleurs, l'université Paris 13 ne peut payer la rénovation que mériterait ce bâtiment sur ses seuls moyens. En effet, les besoins ne se limitent pas à la rénovation de quelques salles, mais de tout le bâtiment : façades, parking, salles de cours, communs, lieux d'aisance, cafétéria... Vous trouverez une description très complète des travaux nécessaires sur le site de l'IUT.

Pour trouver des financements, la direction de l'Institut Universitaire de Technologie (IUT) de Saint-Denis a lancé un appel aux entreprises pour rénover son site principal. Je ne peux que conseiller tous ceux en relation avec des entreprises de relayer cet appel, notamment les élus de Plaine Commune. Notre territoire accueille les sièges sociaux de très nombreuses entreprises et, comme le souligne nombre d'habitants de notre bonne ville de Saint-Denis et des communes des alentours, il serait temps que cette richesse profite à ceux qui la cotoient. Investir dans la rénovation d'un IUT, c'est investir dans l'avenir d'un pays, c'est-à-dire sa jeunesse. C'est croire en leur avenir et leur en apporter la preuve, car à la fin du jour il n'y a que des preuves de la considération des riches pour ceux qui n'ont pas leur chance. Et elles manquent encore aujourd'hui...

Lors de l'inauguration de l'amphithéâtre Rosa Parks, Monsieur Laurent RUSSIER, Maire de Saint-Denis et candidat aux prochaines municipales, s'est déclaré "attaché à l'IUT", rappelant "le soutien que la municipalité et Plaine Commune apporte à l'action" de la direction de l'IUT. Nous n'avons donc aucune raison de douter que lui-même et ses lieutenants, siégeant comme lui au conseil municipal et au conseil communautaire, apporteront des preuves de leur soutien à cette institution attractive pour les jeunes séquano-dionysiens. Il peuvent ainsi user de leurs bonnes relations avec des promoteurs immobiliers et des grands groupes capitalistes pour les persuader de jouer les généreux mécènes, ou participer au financement des travaux de rénovation de l'IUT. Après tout, la municipalité de Saint-Denis a passé avec l'IUT une convention d'occupation de son parking le dimanche.