samedi 19 septembre 2009

ZAC Porte de Paris : ce qu'on nous prépare

La municipalité nous a préparé un projet urbain visant à bétonner la Porte de Paris et s'oppose férocement à tout ce qui pourrait entraver la sortie de terre de dizaines de milliers de mètres carrés de bureaux le long du canal de Saint-Denis.

Le 27 mai 2009, j'avais écrit au Président du Comité Consultatif de la ZAC Porte de Paris, Christophe GIRARD (maire-adjoint), afin de lui proposer d'inscrire un point à l'ordre du jour du Comité suivant (9 juin 2009) sur le devenir d'un des îlots de la Porte de Paris, celui du ferrailleur coincé entre la Clinique Porte de Paris et l'école Marcel Sembat. Bref, je proposais qu'on en parle car je savais que la clinique était intéressée par faire un jardin et que les propos du Président du Comité Consultatif ("Pense à l'école!") étaient mensongers, car aucun financement n'était prévu dans le Plan Pluriannuel d'Investissement (PPI) voté en mars 2009 par la municipalité.

Le 9 juin, après 4 heures d'attente, vers 23H30, j'interviens au moment où le Président du Comité va lever la séance et je m'étonne qu'aucune réponse n'ait été apportée par écrit ou par oral au cours de cette séance à mon courrier... Devinez la première réponse qu'on me fait : "on a reçu ton courrier il y a 4 jours !" Conclusion : pas de réponse. J'explose ! Le mépris contenu dans cette réponse et 4 heures d'attente m'ont chauffé à blanc. "Vous n'ouvrez pas vos mails ! J'ai envoyé la copie électronique le 27 mai sur vos adresses mails de la mairie", et expose mes arguments. Lorsque j'indique le risque, en matière de circulation, que fait peser la construction d'un immeuble de 5000 m² sur cette parcelle pour le quartier Parmentier/De Geyter (les parkings donneront sur la rue Bobby Sands, donc les voitures tourneront autour de Parmentier), le mépris revient : "Politique fiction" me lance narquois le Président du Comité.

Sortant de cette soirée détestable du fait du comportement d'un individu dont le manque de sens politique le dispute à l'ineptie, je réfléchissais sur la meilleure méthode pour arriver à un débat sur cette parcelle. J'ai donc rencontré et incité le Directeur général du Centre Cardialogique du Nord à faire une demande pour récupérer cette parcelle. Ce fut chose faite par courrier au maire et un autre au Président de Plaine Commune le 7 septembre.

Le Comité Consultatif de la ZAC Porte de Paris s'est à nouveau réuni le 17 septembre. J'ai été à nouveau amené à parler du projet, puis j'ai introduit le Directeur de la clinique pour qu'il présente son projet de faire un jardin partagé (crèche, école) sur cette parcelle. Imaginez la réaction du Président du Comité : il s'en prend au Directeur ! Réactions de plusieurs personnes : M. LEGROS, Mme BAILLY, Mme CHABRAN et M. RUYER pour déplorer ces attaques et s'étonner que M. GIRARD ait laissé s'exprimer d'autres personnes sur d'autres sujets dans des séances précédentes, mais invoque la courtoisie pour faire taire ces interventions qui commençaient à sentir le roussi.

A l'aune des échanges qui ont quand même suivi, et de l'actualité récente, je voudrais vous livrer plusieurs éléments d'interprétation et de compréhension des enjeux sur cette ZAC :

1. La mairie conditionne la réalisation de la ZAC au lotissement de l'ensemble des parcelles, y compris celui dont je viens de parler : tout doit être vendu à des promoteurs ! Pour une mairie de gauche combative vis-à-vis de la politique ultra-libérale du Gouvernement, cela prête à confusion : elle vend l'espace public, dont des espaces verts, aux fonds spéculatifs français ou étrangers qui investissent dans l'immobilier d'entreprise pour des questions de rentabilité financière. En somme, notre mairie joue à la mondialisation de la finance. Curieux !

2. Patrick BRAOUEZEC, Président de Plaine Commune, a multiplié les rencontres avec Christian BLANC, secrétaire d'Etat en charge du Grand Paris. Ces rencontres sont tout à fait normales dans la mesure où il dirige l'une des plus importantes intercommunalités d'Ile-de-France. Rien ne s'oppose à ce qu'il se soit présenté, ait fait passé des idées ou recueilli les axes de travail du secrétaire d'Etat. Cependant, depuis quelques mois l'attitude de l'élu "communiste" (je mets des guillements, car pour moi il n'est plus communiste depuis longtemps !) est étrangement favorable au Gouvernement. Je ne crois pas au hasard : à la veille de son interview au Monde (12 septembre) pour annoncer sa candidature aux régionales (liste du Front de Gauche ouverte à des gens de sensibilité socialistes ou vertes ne se retrouvant pas dans leurs partis respectifs. Tiens, tiens, comme sa majorité municipale !), son Directeur Général des Services de l'intercommunalité (le grand patron des fonctionnaires territoriaux de Plaine Commune, c'est-à-dire son homme de confiance...) annonçait son soutien au Grand Paris ! (Cf.interview dans La Gazette des Communes) Je rajoute que dans les réunions du Comité Consultatif, on n'a cessé de nous abreuver de l'idée de densité, voire d'intensification urbaine (comme d'autres intensifient les relations commerciales !). Bref, avec la société du Grand Paris, prévue dans le projet de loi, qui pourra préempter dans un rayon de 1,5 km, je crains que l'on ne nous oppose bientôt le discours suivant : ce n'est pas la mairie qui porte le dossier, mais l'Etat !

Dans cette affaire, les habitants qui espéraient pouvoir jouer avec leurs enfants dans l'herbe devant le canal de Saint-Denis risquent d'en être pour leurs frais.