Jusqu'à cet automne, Saint-Denis était l'une des rares villes d'Ile-de-France, hors Paris, à posséder deux musées : celui de la ville, le musée d'art et d'histoire, et celui du joailler Christofle.
Le musée Christofle a fermé, je le savais, mais j'ai ressenti une grande déception hier dans le RER D. Avant l'entrée en gare de Saint-Denis, mon regard s'allongeait en direction de la porte lorsque passant devant les bâtiments en brique, je constatais que le nom de Christofle avait été retiré. Ce nom, qui m'a accueilli plus d'une fois en 2006 lorsque je faisais la navette entre le Xème arrondissement où je vivais encore et Saint-Denis, n'est plus.
Pourquoi ?
L'explication est simple : environ 5 000 visiteurs par an, répartis pour moitié entre les journées du patrimoine et le reste de l'année... Difficile de maintenir un musée dans ces circonstances. Pourtant, le musée avait été agrandi ces dernières années et les mutations de la ville pouvaient sans doute laisser espérer une fréquentation plus importante et sa pérennisation. Mais ce ne fut pas le cas.
Deux constats s'imposent à nous.
Tout d'abord, le peu d'attractivité du site du musée, coincée entre les emprises ferroviaires à l'Ouest et deux départementales à fort traffic (véhicules légers et poids lours) où les véhicules vont très vite : boulevard Anatole France et rue Ambroise Croizat. Rien n'a jamais été vraiment fait pour favoriser l'arrivée des visiteurs jusqu'au musée. Il y a une belle passerelle qui enjambe le canal pas très loin du musée, mais il faut affronter les dealers et leurs dogs, puis, au pied de la passerelle, les véhicules lancés à grande vitesse.
Ensuite, la situation même du musée. Disons le tout de go : un musée de la joaillerie aurait eu plus de succès dans n'importe quelle autre ville de l'Ile-de-France qu'à Saint-Denis. La capacité d'indignation des édiles locaux n'a d'ailleurs pas trouvé à s'exprimer ("Mauvais coup" a été seulement aperçu dans le canard local), la perte du musée les a laissés aphones ! Mais, je reste surtout étonné de l'absence de réflexions pour développer la ville autour du canal. L'eau est un facteur d'attractivité que toutes les municipalités mettent en valeur, allant même jusqu'à redécouvrir les canaux recouverts par l'urbanisation (cas de Lille). Ici, la rive gauche du canal de Saint-Denis bordée par la rue Ambroise Croizat a été affectée, et cela se poursuit aujourd'hui avec de nouvelles constructions de qualité médiocre, à des activités industrielles... Le Plan d'Occupation des Sols (POS) de la commune a été prévu pour le maintien des activités industrielles partout où elles existaient, et le futur Plan Local d'Urbanisme (PLU, document réglementaire qui a pris la place du POS) ne change pas la donne.
Dommage pour le musée, le canal et les dionysiens.
dimanche 22 février 2009
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