Amies lectrices, amis lecteurs, j'étais contre le projet CDG Express lorsque Plaine Commune le défendait, afin qu'il desserve la Petite Défense, et je suis encore et toujours contre ce projet, maintenant qu'il est défendu par le gouvernement socialiste !
Lors du 3ème comité interministériel du Grand Paris, réuni le 15 octobre, le Premier Ministre Manuel VALLS a en effet confirmé la création à l'horizon 2023 de cette liaison directe entre la Gare du Nord et l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Une consultation publique aura lieu au premier semestre 2016.
Cinq raisons nourrissent cette opposition.
1. Un projet privé non rentable repris par la puissance publique :
Initialement, le projet CDG Express était totalement privé. Cependant, son équilibre économique incertain a conduit les différents opérateurs privés qui se sont penchés sur le sujet à se retirer au cours des années précédentes. En 2008, seul Vinci était disposé à réaliser le projet à certaines conditions. De fait, c'est la SNCF et Aéroports de Paris qui sont aujourd'hui priés de conduire le projet (création en 2014 de CDG Express Etudes SAS), SNCF Réseau (anciennement RFF) devant réaliser les infrastructures.
Au fil des années et des études successives, le tarif d'un ticket n'a cessé d'augmenter. Il est aujourd'hui évalué à 24 euros ! En août 2014, le mensuel Rail Passion évoquait un tarif de 23 euros. En 2012, c'était 20 euros. Il n'est donc pas certain qu'un homme d'affaires ou un touriste veuille acquitter une telle somme pour un transport qui ne l'amènera qu'à la Gare du Nord. Un taxi sera toujours plus confortable et le ticket de 10 euros pour prendre le RER B et les correspondances du métro, permet d'atteindre plus commodément les hôtels parisiens.
Dans ces conditions, quels investisseurs seront prêts à prêter l'argent pour financer un projet qui pourrait se révéler être un gouffre financier ? Dans la logique capitaliste, aucun ! Sauf, à ce qu'ils obtiennent des garanties... Alors que le situation des finances publiques est au plus mal, il est incompréhensible que le gouvernement socialiste s'entête à poursuivre ce projet.
2. La stigmatisation des Séquano-Dionysiens :
Depuis le départ, l'un des arguments avancés par les défenseurs du CDG Express est d'affirmer que les hommes d'affaires et les touristes vont se précipiter sur ce moyen de transport, en raison de l'insécurité régnant sur le RER B et les routes de la Seine-Saint-Denis.
Certes, nous savons qu'il y a des problèmes sur notre territoire, mais en prétendant que c'est la jungle, certains franchissent allègrement une limite avec la complicité de membres du gouvernement. De fait, le gouvernement socialiste soutient la discrimination territoriale, sociale et raciale dont nos territoires sont victimes. Malgré ses excuses, le Secrétaire d'Etat Alain VIDALIES, qui voulait des contrôles d'identité discriminatoire (propos tenus le 24 août au micro d'Europe 1), n'a fait qu'exprimer les sentiments profonds du gouvernement socialiste. Pour ma part, je pense que ce triste sir devrait être immédiatement viré.
3. Les usagers et les riverains oubliés :
Pour économiser sur les coûts (percement de tunnels...), un maximum d'emprises ferroviaires existantes devront être utilisées. Mais comme la Maire de Paris, Anne HIDALGO, le signale (édition du 16 octobre 2015 du Parisien), de tels choix sont inacceptables, compte tenu des projets d'aménagements en cours dans les 18 et 19e arrondissements et des gênes que cela occasionnerait aux riverains.
Au-delà de Paris, il faut bien comprendre que l'utilisation d'une partie des tronçons des voies ferrées en Seine-Saint-Denis par le CDG Express en Seine-Saint-Denis pourrait perturber le projet RER B +, obtenu par les associations et les riverains pour améliorer la fiabilité et la fréquence de desserte des gares du RER B, voir empêcher à l'avenir la mise en place de nouveaux sillons horaires pour ce RER, mais aussi pour les TER Picardie ou d'autres trains de banlieues (ligne K par exemple qui, au départ de la Gare du Nord, dessert Aulnay-sous-bois, puis le nord de la Seine-et-Marne et l'Oise).
4. Une remise en cause de la ligne 17 du Grand Paris :
Si vous avez regardé une carte figurant les tracés des futurs métros automatiques du Grand Paris, vous avez pu remarquer qu'une ligne de métro est prévue pour desservir l'aéroport Charles-de-Gaulle : la ligne 17. Partant de la station Saint-Denis-Pleyel, cette ligne desservirait notamment l'aéroport du Bourget et l'aéroport Charles-de-Gaulle à l'horizon 2030.
Or, certains n'hésitent pas à dire discrètement que la mise en service du CDG Express permettrait de remettre en cause cette ligne 17 qui ne va pas jusqu'à Paris. Cela présenterait trois intérêts :
. Diminuer la facture du Grand Paris, qui coûtera, comme tous les grands projets, bien plus cher que les prévisions initiales.
. Améliorer la desserte de Paris, conformément aux règles de la compétition internationale entre grandes métropoles, auxquelles ne répondent ni la future ligne 17 ni le RER B. J'ajoute que, dans leur logique, le coût démentiel du ticket est totalement justifié, car CDG Express devient le prolongement terrestre du voyage aérien des grands de ce monde...
. Eviter un mode transport concurrent, qui pourrait complètement achever financièrement CDG Express.
N'oubliez pas que dans le projet initial du Grand Paris de Christian BLANC, Secrétaire d'état au Grand Paris entre 2008 et 2010, la ligne 14 devait être la colonne vertébrale du Grand Paris, allant au Nord jusqu'à l'aéroport Charles-de-Gaulle et au Sud jusqu'à l'aéroport d'Orly. Aujourd'hui, la ligne 14 va jusqu'à Orly, mais s'arrête au Nord à Saint-Denis-Pleyel.
5. De l'argent pour les nantis, pas pour les gueux :
Alors que le Syndicat des Transport d'Ile-de-France (STIF), autorité organisatrice des transports en commun pour la région, se creuse la tête pour compenser l'impact (plus de 200 millions d'euros) de la réforme du Versement Transports décidée par l'Etat au mois de juin, le gouvernement socialiste est prêt à créer une nouvelle taxe pour financer CDG Express (prélèvement d'un euro sur chaque billet de voyageurs atterrissant à l'aéroport). Que faut-il comprendre ? Que le confort d'un usager francilien du RER B vaut moins que celui d'un homme d'affaires ou d'un nabab faisant du tourisme à Paris ? Si le gouvernement socialiste voulait envoyer un tel message, c'est réussi !
En demandant que des sociétés publiques (SNCF et Aéroports de Paris) portent ce projet, le gouvernement socialiste détournent les investissements publics. En effet, comme je l'ai rappelé dans mon point 1, ces entreprises publics empruntent l'argent nécessaire à ce projet à des financiers, des banquiers. Or, ceux-ci prêtent en regardant un certain nombre de critères, dont le niveau d'endettement, le niveau de capital de ces sociétés... Cela signifie que la dette contractée par les entreprises publiques pour construire CDG Express diminue leur capacité à lever de l'argent pour financer d'autres projets de modernisation de nos transports en commun (achats de matériels roulants, entretien du réseau, construction d'infrastructures -par exemple un deuxième tunnel entre Châtelet et Gare du Nord-). Qui plus est, l'absence de rentabilité conduira à éponger des pertes qui diminueront d'autant les possibilités de financement d'autres projets.
Amies lectrices, amis lecteurs, pour conclure, retenez que CDG Express est un projet qui n'a pas de viabilité économique et dont la réalisation se fera au détriment de l'amélioration des transports en commun franciliens. Merci aux socialistes !
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