Je n'ai rien contre les touristes, bien au contraire. Leur affluence permet de mesurer l'attractivité d'une ville, de la qualité de la mise en valeur de son patrimoine culturel et, surtout, de faire vivre nos commerçants et de créer de l'emploi.
Cependant, la réalisation des métros automatiques du Grand Paris Express rencontre des problèmes de financement, comme l'a révélé la Cour des Comptes dans son rapport publié le 17 janvier dernier. Le dérapage des coûts est colossal. En 2010, l'ensemble du projet est annoncé à 19 milliards d'euros. Trois ans plus tard, nouvelle réévaluation, les métros coûteront 22,6 milliards d'euros. Début 2017, une nouvelle évaluation est publiée : 25,14 milliards. Un an plus tard, le couperet tombe, la Cour des Comptes chiffre aujourd'hui l'ensemble des métros automatiques du Grand Paris Express à 38,48 milliards d'euros, en incluant les participations financières, à partir des éléments transmis par la Société du Grand Paris (SGP).
Face à un dérapage de plus de 10 milliards d'euros, la SGP n'a pas les ressources adéquates pour tenir sa trajectoire prévisionnelle de financement des travaux et de remboursement des emprunts. Bref, des revenus supplémentaires doivent lui être affectés pour espérer tenir le calendrier présenté le 22 février par le Premier Ministre, qui, nous l'avons vu dans mon billet précédent, a revu sérieusement à la baisse la réalisation des métros à l'échéance des Jeux Olympiques de 2024.
Le financement de la SGP repose sur des ressources affectées (taxe sur les bureaux, qui est censée croître avec les nouveaux immeubles construits à proximité des futures stations, imposition sur les entreprises de réseaux (SNCF et RATP- et taxe spéciale d'équipement prélevée sur les entreprises et les particuliers -via la taxe d'habitation-) et l'emprunt. S'il n'est pas envisageable d'augmenter les emprunts, de nouvelles taxes ou impôts sur les contribuables (particuliers ou personnes morales) doivent être levées.
Au début du mois de février, la Présidente de la région Ile-de-France, Valérie PECRESSE, qui préside également Ile-de-France Mobilité (ex STIF), l'autorité organisatrice des transports en Ile-de-France, qui est financée par le Versement transport recouvré auprès des entreprises, a proposé de créer un taxe additionnelle à la taxe de séjour, payée par les clients des hôtels, pour financer la SGP.
Je suis favorable à une telle proposition. Il paraît en effet légitime que tous les acteurs économiques de la région, qui bénéficieront des retombées de la construction de ces lignes de métros en supportent une partie du coût. Or la profession, qui a certes subi l'impact des attentats et celui de la concurrence déloyale de airbnb, fait de la résistance en alléguant de la perte d'attractivité de Paris en cas de hausse. Argument repris par une partie de la Droite.
Mais de quel montant parle-t-on ? A Paris, où cette taxe rapporte environ 90 millions d'euros par an, elle représente un coût de 4 euros par nuit à un riche touriste étranger descendant dans un palace où il paiera son hébergement d'une nuit quelques centaines, voire quelques milliers d'euros. Pour un touriste se dirigeant dans un modeste 5 étoiles, il en coûtera 3 euros, alors que le prix d'une chambre atteindra facilement 200 à 300 euros la nuit. Dans un 4 étoiles, on parle de 2,25 euros par nuit pour une chambre d'hôtel coûtant une centaine d'euros. Plus proche de nous, à Saint-Denis, le coût de la taxe de séjour pour une nuitée au Novotel de la Porte de Paris, situé au pied du métro est de 1,4 euros pour une chambre de classe supérieure facturée à 79 euros la nuit (j'ai le détail d'une facture d'un parent qui y a séjourné au printemps dernier). La différence entre Paris et Saint-Denis réside dans le fait que la taxe de séjour est fixée par la commune ou l'intercommunalité.
Bref, vous l'aurez compris. Malgré les affirmations volontairement alarmistes du syndicat des hôteliers, doubler ces taxes, pour affecter une partie du produit à la SGP, ne détournera pas les touristes français et étrangers de prendre des nuits d'hôtels à Paris ou en banlieue. Faire croire le contraire nécessite une bonne dose de mauvaise foi. Qui peut croire qu'un millionnaire américain, russe, saoudien, chinois ou autres, va renoncer à visiter la ville lumière parce que la taxe de séjour par nuitée passera de 5 à 10, voire éventuellement 15 euros ?
Bref, nos amis touristes sont les bienvenus et contribueront, à travers leur modeste écot à la construction de nouvelles lignes de métros dont les usagers ont besoin.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire