Il y a trois ans, la plaque commémorant le sacrifice de Pierre PRIMEL, militant communiste et résistant, était brisée. Deux mois plus tard, constatant l'inertie de la municipalité, je saisissais le maire, qui répondait qu'il allait agir. Finalement, la plaque sera discrètement remplacée en décembre 2013 et d'autres plaques de commémoration seront nettoyées, même si des progrès peuvent être encore faits sur ce point.
Marie-Christine FRARE, petite fille de Pierre PRIMEL, m'a contacté l'année dernière, afin de rendre hommage à son grand-père. Grâce à son aide, et je l'en remercie vivement, voici qui était Pierre PRIMEL, ce Français mort en déportation parce qu'anti-fasciste. Amis Dionysiens et amies Dyonisiennes, je vous invite à entretenir et à garder précieusement la mémoire de ceux qui ont autrefois donné leur vie pour notre liberté. N'oublions pas les ravages de la lâcheté et de la cupidité ordinaires, quand ce n'est pas l'imbécilité et la médiocrité, fruits notamment d'une absence d'éducation, d'histoire et de l'endoctrinement, qui ont conduit à ces trahisons.
Pierre PRIMEL est né le 21 mars 1901 à PLOURAC'H en Bretagne (département des Côtes du Nord). Son père François PRIMEL est laboureur. Sa mère, Marie DENMAT, aura trois fils, dont l'un mourra de la tuberculose.
Il sert dans la Marine Nationale entre 1920 et 1923, atteignant le grade de quartier-maître chauffeur. Puis, le 19 décembre 1923, il este embauché comme gazier journalier par Gaz de Paris.
Pierre PRIMEL suit une filière d'émigration de travail mise en place par le Marquis Oswen de KEROUARTZ, homme politique (député, conseiller général, maire) du département des Côtes du Nord (devenu en 1990 les Côtes d'Armor), au profit d'une entreprise pour laquelle il travaillait. Gaz de Paris fournissait en électricité la région parisienne et ses gazomètres s'élevaient à La Plaine Saint-Denis. Notez qu'à l'époque, le gaz de ville était produit par extraction de la houille (communément appelée charbon). Le gaz naturel de Lacq ou d'Algérie ne sont pas encore exploités.
Il se marie le 30 juillet 1924 à Saint-Denis avec Marie-Philomène LE GUILLOUX, également originaire des Côtes-du Nord. Ils ont une fille, Yvette PRIMEL, née le 1er mai 1925 à Saint-Denis, et habitent au rez-de-chaussée du 5 de la rue Riant. L'immeuble existe toujours.
Pierre PRIMEL et son épouse Marie-Philomène LE GUILLOUX
Très vite, il milite au sein de la CGT et est élu Délégué du personnel. Homme de conviction et de bien, il organise de nombreuses réunions le soir et vient autant qu'il le peut en aide à ses camarades dans la détresse. Comme bon nombre d'ouvriers de Saint-Denis, il cultive un jardin dans les anciennes douves du Fort de l'Est. Photographe amateur, il aime prendre des clichés de sa famille, comme ici en vacances sur la côte d'opale.
Photo de Pierre PRIMEL et de sa fille à Etaples
Fiché par les Renseignements Généraux comme "communiste notoire, meneur actif et dangereux", il est arrêté le 24 juin 1941 à 6h du matin par la police nationale créée par l'Etat Français du Maréchal Pétain deux mois plus tôt, sur les décombres des anciennes polices municipales. Pour mémoire, l'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie débute le 22 juin 1941et entraîne les arrestations de militants communistes partout en France. Le procès du Régisseur de Gaz de Paris aura lieu après la libération, en raison des soupçons qui pesaient sur lui pour avoir dénoncé pendant l'occupation des résistants communistes, dont Pierre PRIMEL. Cependant, en raison de la disparition du dossier d'instruction, le procès s'achèvera par un non-lieu.
Transféré au camp de Royallieu, près de Compiègne, il est déporté le 6 juillet 1942. Ce camp de triste mémoire est également connu sous le nom de Fronstalag 122, un des rouages de la machine de mort nazie, envoyant dans les camps d'extermination des dizaines de milliers de résistants et de juifs. Arrivé à Auschwitz le 8 juillet, Pierre PRIMEL meurt le 20 septembre 1942 à l'âge de 41 ans. Son numéro de déporté est le 46017.
Dessin réalisé par Pierre PRIMEL à Compiègne, en médaillon des photos ajoutés par son épouse d'elle-même et de leur fille
Après la guerre, une cérémonie commémorative sera célébrée dans l'enceinte de l'usine en la mémoire des salariés de Gaz de Paris déportés pendant la guerre. Le maire de Saint-Denis de l'époque, Auguste GILLOT, ainsi que les familles et le personnel de l'usine y assistaient.
Cependant, les tourments de la guerre devaient continuer à poursuivre sa famille, puisque sa fille ne put intégrer Gaz de Paris. Après plusieurs démarches auprès de la Direction, elle rejoignit les Ateliers Travaux Mécaniques, où elle travailla jusqu'à sa retraite.
Pierre PRIMEL a été reconnu déporté politique en mars 1946 par le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de la Guerre. A la demande de sa famille, le Secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants a honoré en juillet 1975 Pierre PRIMEL de la mention "Mort pour la France".
Saint-Denis est riche de son passé, les monuments mais surtout les hommes. Ne le laissons pas tomber en miettes par négligence !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire