J'ai emménagé à Saint-Denis à la fin du mois d'octobre 2006. A la veille de cette installation, revenant nettoyer l'appartement récemment acheté, je trouve la porte d'entrée forcée. WELCOME in the 9-3 !
Le 24 novembre dernier, à l'issue du Conseil communautaire, je quitte le siège de Plaine Commune situé en face du Stade de France. M'engageant sur la passerelle qui enjambe le canal, je me trouve confronter à deux spécimens de voyous qui pourrissent notre vie et contribue à la mauvaise image de notre ville. Trois points de suture, une jambe droite qui me fait toujours mal, deux jours de travail perdus et mes lunettes volées que personne ne va me rembourser...
J'ai écris au maire et mis en copie 7 autres personnes afin de les interpeller sur ce phénomène :
- le Président de Plaine Commune,
- le Président de Plaine Commune Promotion,
- le Président de l'établissement public Plaine de France,
- le Commissaire principal de Saint-Denis,
- le Préfet de Seine-Saint-Denis,
- le Directeur général du Consortium du Stade de France,
- le Maire d'Aubervilliers.
En effet, l'insécurité est à la base d'un cercle vicieux : les classes moyennes et supérieures qui s'installent sur la ville ne vont pas s'y implanter durablement, les populations dyonisiennes présentes qui n'en peuvent plus et qui en ont les moyens partent, seules les populations qui n'ont pas les moyens de partir, c'est-à-dire les plus modestes, demeurent sur place et subissent agressions, vols.
Pauvreté et délinquance se cumulent donc à Saint-Denis, alimentant une représentation négative du territoire à laquelle je me suis heurtée après mon agression (c'est normal, tu habites le 93!). Quel individu sain d'esprit voudrait rester durablement : personne !
En ce qui concerne les employeurs, il suffit de savoir que le déménagement à La Plaine de Generali s'est traduite par presque 5 % de démission de leurs effectifs, les salariés ne voulant pas quitter Paris, ou que la perspective d'un tel déménagement n'est jamais vécue positivement, pour ne pas s'étonner de lire dans les articles de presse (Le Parisien) que les salariés ignorent le territoire, vivent dans leurs bulles de béton sans se mélanger à la population locale. Le problème de fonds, c'est que l'attractivité de la Petite Défense, nom donnée aux nouveaux immeubles de bureaux de La Plaine, n'est pas assurée dans l'avenir, malgré la bonne desserte... Les entreprises s'installent uniquement par souci d'économies (charges locatives), mais d'autres zones de bureaux sont en train d'émerger en grande couronne et vont la concurrencer.
L'insécurité est donc un puissant contributeur au fait que notre territoire soit une zone de transit, pour les particuliers, comme pour les entreprises, où l'on ne souhaite pas s'implanter durablement. Elle contribue également à rendre nos concitoyens apathiques, je l'ai notamment fréquemment entendu à travers des remarques du style "cela ne changera jamais !", et alimente l'absentéisme aux élections, en particulier locales. C'est un record en France pour une ville de 100000 habitants : 40 % des électeurs se sont déplacés en 2008 aux élections municipales... La municipalité est complètement coupée de l'électorat populaire qui ne vote plus. Je pense qu'il est donc nécessaire de redonner confiance en l'avenir à ceux d'entre nous, qui sont les plus modestes, et qui n'espèrent plus des politiques locaux.
De la même façon, il serait bon que nos élus se lancent dans une politique de sécurité, quelle que soit cette politique, et au-delà de tout débat pro ou anti caméra... Jusqu'à présent, j'ai beau cherché, il n'y a rien ! Ils ont tout à fait le droit d'être hostiles à l'usage des caméras, mais encore faut-il qu'ils mettent en oeuvre leurs solutions (plus de médiateurs sur le terrain). Alors qu'attendent-ils pour le faire ?
Amis lecteurs, je crains que l'insécurité ait encore de beaux jours devant elle à Saint-Denis. Courage cependant, je fais partie, comme vous, des gens qui veulent que çà change et faire connaître positivement notre ville.
PS : un dernier commentaire sur une autre représentation due à l'insécurité : "c'est partout pareil !". Il est tout à fait essentiel de combattre ce genre de discours, il disqualifie par avance toutes actions de lutte contre l'insécurité et enferme les populations dans leur apathie vis-à-vis des élections locales. Si vous êtes comme moi un provincial d'origine, témoignez du fait que les problèmes d'insécurité qui peuvent exister ailleurs n'ont pas l'ampleur, et de très loin, de la violence que nous subissons.
PPS (ajout du 23 avril 2012) : je vous invite à lire le billet d'avril 2012 concernant l'agression du député de Saint-Denis, M. Patrick BRAOUEZEC
samedi 12 décembre 2009
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