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samedi 24 novembre 2018

Après la ségrégation sociale et ethnique, voici la ségrégation écologique : "Les pauvres, c'est fait pour être très pauvres et les riches, très riches !" (Don Salluste dans La Folie des Grandeurs... ou bon nombre d'hommes politiques actuels)

A partir de juillet 2019, les véhicules alimentés par du carburant diesel et datant d'avant 2001 seront interdits de circuler dans Paris et 79 communes l'entourant.

Cette décision de la Métropole du Grand Paris (MGP) prise lundi 13 novembre 2018 en séance publique du Conseil métropolitain repousse la frontière entre Paris et sa banlieue du périphérique à l'A86. Paris, ainsi que l'intégralité du département des Hauts-de-Seine et une partie des communes de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne située entre la capitale et l'A86, deviendront une Zone à Faible Emission (ZFE). L'accord des conseils municipaux est nécessaire, mais l'opposition risque d'y être formelle, car cette décision de la MGP a été validée par les exécutifs communaux.

Ce qui interpelle dans cette initiative, c'est le périmètre retenue. La MGP n'a pas voulu prendre l'ensemble des communes la composant, mais seulement celles formant un anneau (de protection ?) autour de Paris. Si l'écologie était au coeur de cette démarche, si la santé de tous les Franciliens comptait, cette initiative, placée sous la bannière de la lutte contre les particules fines, n'aurait pas du s'arrêter à quelques communes, majoritairement aisées, mais concerner toute la région et prévoir :
    1. que le périmètre soit étendu à l'ensemble de la MGP, afin d' "embarquer" les communes n'adhérant pas à la MGP ;
    2. que le pouvoir d'achat des habitants les plus modestes soit pris en compte : comment  financer l'acquisition d'un véhicule plus récent qui risque, en plus, d'être lui-même frappé d'interdiction dans trois-quatre ans ? Ne vous faites aucune illusion, les exigences seront sans cesse revues à la hausse...
    3. que l'on précise la méthode d'application, car si cela repose sur l'action de la police, il est évident que les maires et les commissaires de police des communes riches exigeront la plus grande fermeté, alors que ceux des communes populaires, considérant qu'ils n'ont ni les effectifs ni d'intérêt électoral à l'application de cette mesure, ne feront rien.

Chez moi, à Saint-Denis, la séparation entre le sud de la ville, La Plaine Saint-Denis, plus riche avec son quartier baptisé "La Petite Défense", et le nord de la ville où vit la majorité de la population, cantonnée dans des immeubles insalubres ou des logements sociaux, va s'accentuer...

Bref, le choix de ce périmètre rappelle d'une part que l'écologie est une préoccupation de riches, alors même que les pauvres sont ceux qui ont le moins de moyens d'échapper aux conséquences de la dégradation de l'environnement, et d'autre part que la ségrégation sociale et ethnique qui existe entre Paris et sa banlieue et entre les communes de banlieue va s'en trouver renforcer. 

Hé oui ! Paris et sa banlieue, je t'aime moi non plus.

D'abord enfermée derrière ses murailles, la capitale s'est longtemps protégée des menaces extérieures, qu'elle viennent des invasions étrangères (nos voisins allemands par exemple...) ou des contestations populaires ou des trahisons des grands du royaume au profit des princes étrangers. Puis, la ville lumière a rasé ses fortifications et bâti par dessus le périphérique, coupure urbaine contemporaine séparant les heureux élus vivant à l'heure flamboyante de la mondialisation et ceux qui triment dans leur ombre. De plus, Paris rejetait en banlieue toutes ses infrastructures polluantes (déchetterie...) ou nécessitant d'importantes emprises (aéroports...), même si le manque de foncier pouvait parfois justifier ces implantations.

Aujourd'hui, alors que la mondialisation apparaît pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un système dévorant les ressources naturelles au profit de quelques-uns tout en faisant miroiter un mode de vie de type occidental (pour tous : deux voitures, vacances au soleil l'été et à la neige l'hiver... J'ai du rater ma vie car j'ai pas deux voitures et je vais pas au ski !), et que ses promoteurs voient leur modèle de prédation contesté et paniquent devant les conséquences pour leur propre santé des pollutions qu'ils ont délibérément créé, nos élites se lancent à corps perdu dans ce qu'il convient d'appeler du greenwashing, terme anglo-saxon désignant l'action des entreprises ou personnes déclarant améliorer l'environnement, alors qu'elles parent des oripeaux de l'écologie des produits, des services ou des décisions politiques à des fins commerciales ou de communication. Si on nous parle désormais sans cesse d'écologie, c'est trop souvent pour des motifs qui n'ont rien à voir avec le changement du climat ou la santé de l'humanité, notamment dès que cela touche à la voiture...

En effet, l'épuisement du modèle économique, sociale, et écologique du capitalisme financier rend impératif pour les dirigeants français du XXIème siècle d'intensifier la ségrégation, tout en la dissimulant sous les meilleurs intentions. Dis plus clairement, quand on continue à tondre fiscalement les citoyens tout en n'assurant plus leur prospérité, il convient d'éviter leurs réactions et de s'assurer qu'ils ne sont plus qu'un petit nombre près de vous. A la ségrégation sociale et ethnique qui frappe les habitants de la région parisienne, les élus de Droite et de Gauche  des municipalités et des Territoires (les anciennes Communautés d'agglomération comme Plaine Commune) qui siègent à la MGP viennent d'ajouter la ségrégation écologique ! Notez que La République En Marche (LREM) ne siège pas à la MGP, car ils n'ont pas d'élus dans les communes -Rendons à César ce qui est à César-. Néanmoins, ils n'inventent rien. Tout d'abord, ils poursuivent la ségrégation qu'ils ont instauré dans la région parisienne depuis plusieurs décennies (d'un côté les communes bourgeoises qui construisent très peu de logements sociaux, de l'autre les communes populaires qui les contruisent pour accueillir les populations précaires, ce double mouvement garantissant depuis plusieurs décennies aux partis de Droite et de Gauche le contrôle de communes, c'est-à-dire l'accès à l'argent, aux médias et au pouvoir). Ensuite, ils reproduisent les tendances à l'oeuvre partout sur la planète. En effet, la ségrégation écologique est de plus en plus courante dans les grandes métropoles hyper-mondialisées où les puissants, sous couvert d'écologie, mettent à l'écart leurs concitoyens les plus modestes et les immigrés et cherchent à limiter leur mobilité.

Affectant la vie des gens en réduisant leurs opportunités sociales et économiques et en réduisant leurs pouvoirs d'achats, la ségrégation écologique créée par la MGP s'apparente à un impôt. Plus franche et moins hypocrite dans d'autres pays, elle y prend par exemple la forme de péages urbains. A Londres, la pollution a effectivement diminué dans les rues et la circulation est également devenue plus fluide, mais les classes populaires et moyennes en sont maintenant exclues (venir à Londres coûtant la bagatelle de 8 livres sterling, soit 9 euros, pour circuler une journée dans l'ancienne capitale de l'empire britannique). Autre exemple, dans la cité-état de Singapour (un petit état autoritaire et marchand devenu la coqueluche de nos dirigeants politiques -ils adorent y aller tout en faisant mine de s'offusquer au retour-), il est tout simplement impossible pour un fonctionnaire ou un employé d'entreprise d'acheter une voiture. Dans ce paradis libéral de 5 millions d'habitants prisé par les riches occidentaux, africains et asiatiques -l'argent n'a ni odeur ni couleur-, seules les personnes en mesure de payer des taxes exorbitantes peuvent s'offrir ce qui est devenu un produit de luxe. Un dernier exemple que je ne développerai pas, mais qu'adorent nos dirigeants, celui de Dubaï, où seuls les nationaux et les riches expatriés peuvent avoir l'autorisation d'acheter un véhicule... Pour les tous les autres -considérés comme des esclaves-, les transports en commun sont de véritables bétaillères. 

L'interdiction de circuler de la Métropole du Grand Paris vient s'ajouter au dispositif mis en place par la Mairie de Paris, qui cherche depuis plusieurs années à empêcher la venue des banlieusards dans la capitale en voitures particulières. Pour mémoire, interdiction est faite aux véhicules antérieures à 1997 d'entrer dans Paris depuis juillet 2016 ; les véhicules diesel antérieurs à 2001 étant interdits depuis juillet 2017. Les pauvres d'un côté, les riches de l'autre : circulez il n'y a rien à voir !

La voiture est polluante, personne ne le nie. L'urgence écologique est là, personne ne le nie non plus, y compris les gens les plus pauvres qui sont les premiers à en pâtir ! Cependant, pourquoi s'en prendre aux gens modestes qui n'ont pas les moyens de changer tous les cinq ans de voitures et qui doivent se contenter de véhicules anciens consommant davantage que les plus récents ? Leur interdire d'aller dans les territoires les plus dynamiques sur le plan économique et augmenter le coût d'usage d'un véhicule à travers la hausse des taxes sur les carburants, soit disant pour des raisons écologiques (puisqu'elles ne serviront que marginalement à des projets écologiques), revient à étrangler les plus modestes des habitants de la région parisienne, notamment la plupart des habitants de la Seine-Saint-Denis où j'habite ! Ce n'est pourtant pas difficile à comprendre et nos élites, qui sont des gens plus que diplômés et intelligents, devraient l'entendre.

De plus, transformer l'A86 en nouveau périphérique aura mécaniquement un effet négatif sur la qualité de l'air respiré par les résidents des communes traversées, au contraire de l'effet positif sur l'air respiré par les parisiens résidents près du périphérique. En conséquence, opposer le bien-être des Parisiens à celui des habitants des communes entourant Paris et accueillant les importantes infrastructures (autoroutes...) menant à la ville lumière et faisant battre son activité au rythme de la mondialisation est profondément indigne. L'interdiction des véhicules diesel n'a rien à voir avec l'écologie, et tout à voir avec l'exclusion territoriale des "catégories dangereuses", c'est-à-dire des classes populaires, qu'elles soient françaises ou immigrées, et des classes moyennes les moins élevées. 

Je ne connais pas un Dionysien possédant une vieille voiture qui ne souhaiterait pas posséder un modèle plus récent, moins polluant et plus sobre en matière de consommation (donc moins coûteux). Encore faut-il en avoir les moyens... Comment faire quand on gagne le SMIC ou à peine plus ? Qui, à l'avenir, pourra changer de véhicules tous les quatre ou cinq ans pour respecter les évolutions des normes en vigueur et continuer à accéder aux centres-villes cossus où se replient les privilégiés ? Parce qu'il ne faut pas oublier que ces interdictions iront crescendo, comme l'évolution des coûts d'usage des véhicules (prix des carburants, primes d'assurance, coût d'entretien), faisant de la voiture le marqueur d'un statut social élevé. L'écologie servira de prétexte pour cantonner les plus pauvres dans des territoires qui deviendront de plus en plus pollués et abandonnés des pouvoirs publics et des riches entrepreneurs privé et à justifier le repli des riches dans des enclaves écologiques où ils se mettront à l'abri des problèmes écologiques, sociaux et économiques.

Une façon de résumer ce qui se joue, c'est d'écouter Don Salluste (alias Louis de Funès), ministre corrompu et incapable des Habsbourg finissant dans l'Espagne du XVIIème siècle, dans La Folie des Grandeurs, qui vient prélever l'impôt dans une petite ville de province : "Les pauvres, c'est fait pour être très pauvres et les riches, très riches !


Les jeunes Dionysiens que je connais sont fiers et libres. La trahison des "hypocrites de Paris" et de leurs complices officiant en banlieue est désormais parfaitement connue et ils refusent de voir leur dignité réduite et d'être pris pour ce qu'ils ne sont pas. La perspective du retour de bâtons grandit donc chaque jour un peu plus dans une "République" qui devient de moins en moins républicaine et singe l'Amérique dans ce que son modèle a de pire... De nouvelles têtes et de nouveaux mouvements -qui ne seront pas à la botte des partis de Gauche et de Droite- vont progressivement émerger, la région parisienne offrant un réservoir de dynamisme que les "bolos d'en haut", qui derrière leur soit-disant ouverture d'esprit méprisent en réalité les classes populaires, ne soupçonnent pas.

dimanche 1 avril 2018

Patrick BRAOUEZEC nommé vice-président du Conseil National des Villes (CNV)

Patrick BRAOUEZEC vient d'être nommé vice-président du Conseil National des Villes (CNV), instance de concertation et de proposition présidée par le Premier Ministre qui a pour mission de conseiller le gouvernement sur l’élaboration de la politique nationale des villes et du développement social urbain.

Rappelons que Patrick BRAOUEZEC, qui aura 68 ans cette année, exerce les mandats et fonctions suivants :
- Conseiller municipal de Saint-Denis,
- Président de l'établissement public territorial Plaine Commune,
- Vice-Président de la Métropole du Grand Paris,
- Président de la Fondaction du Football depuis 2010.

Pour mémoire, le "Lion de Saint-Denis", comme je le surnomme, a été maire de Saint-Denis de 1991 à 2012 et député de 1993 à 2012 (questeur de l'Assemblée Nationale entre 1998 et 2000). A nouveau membre du Parti Communiste Français (PCF) depuis 2017, il l'avait quitté en 2010 au motif que la forme de son parti était "morte et dépassée" pour rejoindre la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE).

Cette nomination intervient alors même que les rapports gouvernementaux se succèdent pour remettre en cause des projets concernant notre territoire, en particulier le dernier sur le projet des Jeux Olympiques de Paris de 2024.

dimanche 7 janvier 2018

Métros en Seine-Saint-Denis : arrivée de la ligne 14 en 2020 et incertitudes sur la réalisation des lignes du Grand Paris Express, deux mauvaises nouvelles pour la ligne 13

Le 19 décembre dernier, la RATP a annoncé un nouveau report dans la mise en service du prolongement nord du premier métro automatique de la capitale. Le nouveau tronçon de la ligne 14, entre la station Saint-Lazare et la station Mairie de Saint-Ouen, sera donc mis en service à l'été 2020, alors que la concertation de 2010 prévoyait une mise en service fin 2017...

Ce nouveau retard n'est pas de bon augure pour les 112 113 Dionysiens, qui subissent chaque jour les conséquences d'un développement territorial qui se fait à leur détriment, notamment à travers une saturation toujours plus grande de la ligne 13. N'oublions pas que le prolongement de la ligne 14 avait été décidé avant les métros du Grand Paris de Nicolas SARKOZY et avait pour objectif de soulager une ligne 13 déjà bien saturée.

A ce problème se rajoute celui des retards pris dans la création des lignes de métros automatiques du Grand Paris. Depuis cet automne, l'entrée en service de la ligne 15 sud en 2022 sera, dit-on de manière insistante, repoussée à la fin 2023 au mieux, voire à la mi-2024. L'incertitude touche l'ensemble des projets du Grand Paris, en particulier les tronçons qui doivent irriguer notre commune et se rejoindre à la fameuse station Saint-Denis Pleyel, "hub" qui illustre la folie des grandeurs de nos élus locaux. Hors caméra, nombreux sont les responsables et élus qui estiment que le réseau ne sera pas prêt pour les Jeux Olympiques.

En ce début d'année, tous les acteurs politiques et économiques de la région parisienne, attendent la sortie du nouveau calendrier. Celui-ci dépendra étroitement de l'arbitrage financier qui sera rendu au plus haut niveau du pays. Pour nous autres, habitants de la Seine-Saint-Denis, il reste à espérer que les décideurs politiques intègrent nos problèmes de transport, qui iront crescendo avec la création du Village Olympique, destiné à devenir  un nouveau quartier de 10 000 habitants après les Jeux Olympiques, le développement de Pleyel, et les  tours qui remplaceront la première génération de bureaux construits entre le Stade de France et la station du RER B. Sinon, cette brave mule, qu'est la ligne 13, pourrait bien "exploser" en répondant à des besoins pour lesquels elle n'est pas dimensionnée...

dimanche 29 octobre 2017

Ancienne piscine municipale : choix du projet porté par CULTPLACE - ISATIS 1

Le 18 octobre dernier, la Métropole du Grand Paris a rendu public les lauréats de son appel à projets "Inventons la Métropole du Grand Paris. Pour mémoire, deux projets concernaient Saint-Denis, celui de l'ancienne piscine municipale et des terrains près de la future station du métro du Grand Paris. Je vous parlerai aujourd'hui du premier projet, j'aurai l'occasion de revenir ultérieurement sur le second, qui est étroitement lié aux changements urbains attendus dans le quartier Pleyel et qui mérite un plus long développement.

Depuis novembre 2016, c'est la troisième fois que j'évoque l'ancienne piscine de Saint-Denis, son histoire, son état et le projet d'en faire un musée sur le modèle de La Piscine de Roubaix longtemps entretenu par la municipalité, puis les trois projets retenus pour le choix final en mars dernier.

La Métropole du Grand Paris a donc sélectionné le projet porté par CULTPLACE - ISATIS 1, qui s'appuie sur le promoteur Vinci et j'avoue que j'ai hâte d'aller y prendre un verre vers 2021- 2022.


Orientation Nord : vision d'artiste du projet. Notez que l'avenue Félix FAURE semble plus grande qu'elle n'est en réalité et le clin d’œil à Ile-de-France Mobilités (anciennement le SITF) pour le changement des rames de tramway... 

J'ai lourdement insisté dans mes billets précédents sur le choix d'un opérateur ne dépendant pas de subventions publiques, l'état des finances de nos collectivités ne supportant pas de prendre en charge la rénovation de ce bâtiment. Ce choix est donc une réponse à cette problématique, sachant que l'opérateur a obtenu un agrandissement de la surface du bâtiment pour trouver un modèle viable, comme je le suggérais.

Par ailleurs, l'objectif d'ouverture aux habitants de la ville semble atteint. En effet, des lettres d'intention commune avec Vinci et l'APIJ ou l'Université Paris 8, mais il ne faut pas être dupe. Vous qui me lisez monsieur le promoteur, il faudra que tout cela débouche sur du concret ! Bref, nous espérons que l'APIJ travaillera significativement sur votre projet, qui prévoit la réalisation d'une structure en bois qui coiffera le bâtiment de l'ancienne piscine municipale, et que le partenariat avec l'Université Paris 8 ne se limite à la location de quelques salles... Je serai très vigilant sur ces points.

Enfin, il convient tout de même d'apporter un bémol à ce projet. L'ancienne piscine municipale de Saint-Denis sera un lieu culturel local, mais sans le rayonnement national de La Piscine de Roubaix. En cela, l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis participera à la requalification urbaine du centre-ville de Saint-Denis, mais n'aura sans doute aucun impact sur l'image de la ville (même si Le Parisien fera quelques bons articles, ce dont nous le remercions par avance)...

Je m'explique : l'arrivée du Stade de France a été annoncée comme un élément qui modifierait l'image de notre bonne ville. Hormis pour couler du béton à La Plaine Saint-Denis, l'image de la ville n'a pas été modifiée. Le projet Pleyel sert déjà une communication identique, mais aura les mêmes effets, ce dont je vous reparlerai.

Saint-Denis a un centre-ville ancien magnifiquement desservi par les transports en commun (un métro, un RER, un Transilien, deux tramways) et par plus de 2 000 places de parking, essentiellement en sous-sol, mais la Basilique de Saint-Denis peine à attirer 150 000 visiteurs par an. Alors que j'espérais que le projet de rénovation de l'ancienne piscine municipale et celui du remontage de la flèche de la Basilique de Saint-Denis catalysent une réflexion sur l'animation de l'ensemble du centre-ville pour y attirer les visiteurs susceptibles de financer ces projets culturels, il n'en est rien. Ceci pose d'ailleurs un problème de financement pour le remontage de la flèche, mais également pour un projet culturel comme celui de l'ancienne piscine municipale.

J'aime ma ville et j'ai beaucoup peine pour elle et ses habitants. Il suffirait de peu de choses pour éliminer la délinquance, notamment liée au trafic de drogue ou à la vente à la sauvette, qui pourrit la vie des habitants et des commerçants, et créer une ville avec une animation culturelle, associative et commerçante qui donnerait envie aux touristes du monde entier de la visiter, mais "ceux" qui nous dirigent en sont incapables...

jeudi 2 mars 2017

Appel à projets de la Métropole du Grand Paris : trois projets pour l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis et cinq portés par tous les grands promoteurs de la place pour Pleyel...


Hier, la Métropole du Grand Paris a présenté les groupements d'entreprise retenus pour son appel à projets "Inventons la métropole du Grand Paris". Pour mémoire, deux sites dionysiens étaient concernés : l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis, que j'avais plus particulièrement évoqué en novembre dernier, et un terrain de plusieurs hectares à Pleyel.

Comme je le pressentais, la perspective de couler beaucoup de béton à Pleyel à attirer les promoteurs et les géants du BTP comme des mouches. Pour l'ancienne piscine municipale, trois projets ont été présélectionnés que vous retrouverez dans le communiqué de presse de la Métropole du Grand Paris.

Les voici :

1. Projet LA PISCINE ● ISATIS
Mandataire : CULTPLACE ● ISATIS 1 (conception, réalisation et exploitation) Promoteurs/investisseurs : Vinci immobilier (promoteur) Concepteurs : JUNG (architecte) ● Encore heureux (architecte) Exploitants CULTPLACE ● ISATIS 1 (mandataire et futur exploitant lieux culturels●restauration) Autres membres de l’équipe : Vinci VIE (conseil innovation sociale) ● ALTO (BE fluides et environnement) ● Khephren (BE technique●structure) ● Avelac (BE actoustique) ● BETC (agence de communication conseil et stratégie)

2. Projet SPLASH DENIS'E
Mandataire : SCIC La Main 9●3.0 Promoteurs/investisseurs :  Concepteurs : AAVP Vincent Parreira Atelier d'Architecture (architecte) Exploitants Mains d'oeuvres (conseil ingénierie culturelle● sociétaire SCIC) ● Africolor (animation et prog. du lieu ● sociétaire SCIC) ● Café Culturel (animation et prog. du lieu ● sociétaire SCIC) Autres membres de l’équipe : Franck Boutté Consultants (ingénierie environnementale) ● La Fabrique des Impossibles (coopération territoriale) ● Association APPUI (restauration en lien avec ESS)

3. Projet TAKALFAIRE COOPERATIVE CITOYENNE
Mandataire : Catherine Tricot (architecte urbaniste) Promoteurs/investisseurs :  Concepteurs : Catherine Tricot (architecte urbaniste) ● Atelier Olivier Sinet (architecte) ● Florence Mercier (paysagiste) ● Ecouter pour voir ● atelier graphique Malte Martin (designer) Autres membres de l’équipe : Eckersley O'Callaghan (BET structure et façade) ● Up'management (programmation et AMO) ● Jane Brighinshaw associates ● JBA (conseil en innovation)

Comme tous les dionysiens aimant leur ville, j'ai hâte de voir les concepts proposés et que l'on devine dans les listes d'acteurs (type de restaurations, d'animation...). J'imagine volontiers que les projets peuvent encore évoluer et je ne saurais trop conseiller au premier projet, porté par un géant du BTP, d'y mettre une dose d'économie sociale et solidaire. Je pense à l'APIJ, qui est honorablement connu à Saint-Denis.

Comme je l'ai évoqué en novembre dernier, je souhaite que ce qui s'installe dans l'ancienne piscine de Saint-Denis soit pérenne, ce qui implique une rénovation de qualité, un concept qui ne soit pas hors-sol, mais ouvert aux habitants de la ville, et un projet financièrement viable, ne dépendant pas pour son fonctionnement des subventions publiques. En conséquence, les pouvoirs publics devront rapidement dire ce qu'ils sont prêts à mettre sur la table pour l'investissement dans la rénovation, afin que chacun des trois porteurs de projet présentent un projet financé, et expliquent ce qu'ils feront pour mettre en place un environnement agréable et sécurisé entre la Basilique et le boulevard Félix Faure. En juillet 2015, alors qu'elle revenait du lycée Paul Eluard où elle faisait passer les oraux du bac de français, ma femme a été agressée sur l'avenue Jean Moulin, par des arracheurs de colliers, qui savent pouvoir se réfugier dans les cités à proximité (Paul Eluard, Paul Langevin).

samedi 12 novembre 2016

Que voulons-nous pour notre ville ? La rénovation de l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis

Avant l'ouverture de la piscine de la Baleine en 1996, les dionysiennes et les dionysiens disposaient d'une piscine municipale construite en 1933 sur le boulevard Félix FAURE. Elle ferma en 1988.

Depuis mon installation à Saint-Denis il y a dix ans, j'entends régulièrement parler de la rénovation de cette piscine pour la transformer en musée sur le modèle du musée La Piscine ouvert à Roubaix en 2001 dans une ancienne piscine art déco construite dans l'entre-deux-guerres.

Photo tirée de la lettre n°8 du Conseil Général de Seine-Saint-Denis "Patrimoine en Seine-Saint-Denis, 1933-1997 des bords de Marne aux centres nautiques" (2004)

Schéma tiré de la lettre n°8 du Conseil Général de Seine-Saint-Denis "Patrimoine en Seine-Saint-Denis, 1933-1997 des bords de Marne aux centres nautiques" (2004)

Je partage ce projet, qui, s'il aboutissait, participerait à changer l'image et la réputation de notre ville. Cependant, pour réussir, il devra tenir compte de limites économiques, mais également liées à notre environnement très dégradé.

Tout d'abord, ce projet pose la question de la rénovation d'un bâtiment fermé depuis 28 ans... Pour prendre l'exemple du musée La Piscine de Roubaix, sa rénovation/transformation a coûté 19,5 millions d'euros, dont 12,1 subventionnés. Certes, la piscine nordiste est plus grande que celle de Saint-Denis, mais avec la hausse des prix depuis 15 ans, nous ne pouvons nous en tirer à Saint-Denis pour un coût que j'évalue entre 10 et 15 millions d'euros. De fait, il est impossible que la puissance publique finance seule ce montant.

Photo tirée du communiqué de presse de la Métropole du Grand Paris du 10 octobre 2016

Orientation Nord : ancienne piscine municipale de Saint-Denis (1933-1988)

Orientation Nord : état de l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis à sa jonction est avec l'école municipale Daniel Sorano

La ville de Saint-Denis n'arrive pas à rénover ses trottoirs, sans passer par des grands travaux payés par d'autres, en raison d'un budget d'investissement médiocre par rapport aux villes de taille similaire. Le Conseil Général de Seine-Saint-Denis n'est pas en meilleure santé financière. Plaine Commune, l'office public territorial qui rassemble notre ville et ses huit voisines de l'ouest séquano-dionysien, ne pourra vraisemblablement pas mettre davantage d'argent, compte tenu des multiples projets à financer. Quant à la contribution de lla région Ile-de-France, elle sera encore moins importante.

Bref, les acteurs publics locaux peuvent financer entre le tiers au minimum et peut-être les deux tiers (dans le scénario le plus favorable auquel j'ai beaucoup de mal à croire) de cette rénovation/transformation. Dans ces conditions, le recours au privé est impératif. L'appel à projet de la Métropole du Grand Paris entérine d'ailleurs ce choix. Le 10 octobre dernier, celle-ci a lancé l'appel à projets "Inventons la Métropole du Grand Paris" pour 61 sites, mais sans y adjoindre de financements.

Notez que deux sites dionysiens ont été retenus dans cet appel à projets : l'ancienne piscine municipale et un terrain situé à côté de la future station Saint-Denis-Pleyel. Dans un cas, les financements vont pleuvoir, dans l'autre...

Ensuite, ce projet ne pourra se faire sans faire évoluer l'environnement immédiat du site. Pour ma part, je ne vois pas quel mécène ou quel investisseur acceptera de mettre près de dix millions d'euros (rénovation de l'immobilier, équipement des différents espaces, acquisition des fonds envisagés...) si les touristes sont en nombre insuffisant ou alors si les tours operators sont découragés par les agressions, comme celle des touristes coréens délestés dans la cité située 100 mètres plus loin. Pour réussir et ne pas dépendre éternellement de subventions publiques, un projet culturel, comme un musée, exige un espace public sécurisé.

Enfin, la faible dimension de l'espace (2 000 mètres carrés exploitables à vue de nez) et l'absence de possibilité d'extension seront probablement un frein pour les projets envisagés par certains acteurs, qui nécessitent des surfaces plus importantes et évoluent dans le temps.


Pour conclure, ce projet, comme d'autres initiatives culturelles dans le centre-ville, constituent un bon moyen de changer l'image de notre ville, mais aussi de faire advenir ce territoire de la culture et de la création que Plaine Commune prétendait être dans le cadre du Grand Paris. A travers le futur de l'ancienne piscine municipale de Saint-Denis, nos élus montreront ou pas leur capacité à relever le défi de la réalité du territoire qu'ils gèrent ou prétendent gérer, sans pouvoir se cacher derrière la communication.