dimanche 21 avril 2013

Le territoire de la création et Patrick BRAOUEZEC : un élu local dans le déni de la réalité de la ville qu'il prétend gérer

En décembre 2012, dans un billet traitant de la ségrégation urbaine, sociale et ethnique pratiquée et mise en oeuvre ici à Saint-Denis par l'actuelle municipalité gauche de gauche, j'avais cité Patrick BRAOUEZEC qui, dans un livre d'entretien avec Jean VIARD (Mais où va la ville populaire ? édition de l'aube, 2012), avouait ne pas connaître de ghettos de pauvres : "Vous parliez de ghetto tout à l'heure : le ghetto de riches est sans doute beaucoup plus réel et répandu que le ghetto de pauvres. Je ne connais pas vraiment de ghettos de pauvres mais je connais l'existence des ghettos de riches." A sa décharge (face à un tel mépris, il est préférable d'être ironique) le bureau qu'il occupe à la Communauté d'agglomération Plaine Commune doit être orienté vers le Stade de France et les immeubles de bureaux qui poussent comme des champignons à La Plaine Saint-Denis, il ne peut donc se rendre compte de la situation des Dionysiens vivant dans des immeubles dégradés du centre-ville ou dans des cités, comme aux Francs-Moisins.

Pour les Dionysiens de gauche qui ne seraient pas encore convaincus que Patrick BRAOUEZEC refuse d'entendre la réalité de la vie quotidienne de ses électeurs et que sa politique urbaine enfonce un peu plus chaque jour les Dionysiens, je voudrais leur faire entendre un témoignage qui doit interpeller toute personne soucieuse de sa ville.  

Ce témoignage, vous le trouvez dans le travail qu'on fait les lycéens du lycée Suger, dans le cadre de la Semaine de la presse à l'école, qui s'est tenue le lundi 25 mars. Je vous invite à vous rendre sur la page de France Info pour l'apprécier dans sa globalité et plus particulièrement le reportage intitulé "les golden boys du 93".

L'ensemble du reportage réalisé par deux lycéennes dure un peu plus de 12 minutes et je vous l'invite à l'écouter dans son intégralité, mais je vous retranscris néanmoins la parole d'un commerçant interviewé (3' à 3'38'') : " Pour nous, de toute façon, çà nous rapporte rien. Les entreprises, elles sont là c'est pareil, où elles sont pas là, c'est pareil. C'était mieux d'abord avant. Il y avait des entrepôts partout, il y avait des entreprises. On bricolait un peu, on travaillait un peu. Et là, il n'y a plus rien. Mais pour nous là, ce côté, c'est une colline oublié. Ils ne viennent même pas chez nous tellement ils ont créé vers le Stade de France, c'est vrai, des cafés, des restaurants. Donc, tout le monde qui devrait venir par là, tout le monde a été dévié de l'autre côté. Les gens, on dirait, ils ont peu de rentrer chez nous. Voilà. Si on regarde le quartier, en face par exemple, çà fait des années qu'il devrait être démoli, mais il est toujours là. Quelqu'un qui connaît, qui a des habitudes dans les beaux quartiers, il voit un quartier pareil, il s'arrête même pas. Il a peur. Et donc voilà, c'est entre nous ! " 

Le développement du quartier d'affaires connu sous le nom de "Petite Défense" s'est fait au détriment des Dionysiens. C'est une évidence pour quiconque a un peu de bon sens et accepte de regarder la situation en face. Malheureusement, cette dynamique de développement n'est pas prête de s'arrêter, le Contrat de Développement Territorial promet d'agrandir encore plus cette "Petite Défense" et creuser le fossé qui sépare les Dionysiens des entreprises qui viendront rechercher des bureaux à faible coût. En témoigne le pôle Saint-Denis Pleyel, qui exclut les usagers de la ligne 13 du bénéfice des métros automatiques du Grand Paris. Je vous renvoie à mon billet de mars.

Niant les impacts de sa politique de densification immobilière, Patrick BRAOUEZEC use de son argument favori du type "tout ira mieux demain" pour vendre son Contrat de Développement Territorial. Dans Le Parisien du 12 avril 2013, il déclare : "Avec l'Etat, nous nous sommes fixés des objectifs pour requalifier ce territoire, non pas contre la population la plus en difficulté, mais avec et pour elle". Les populations de Saint-Denis peuvent observer chaque jour le leg de Patrick BRAOUEZEC, maire de Saint-Denis, puis Président de la Communauté d'agglomération et député de 1993 à 2012 : la dégradation de leur situation matérielle, l'assignation à résidence et un désenchantement croissant pour la vie politique que traduit la chute constante de la participation aux élections.

Les Dionysiens ont besoin de propositions concrètes pour améliorer leur quotidien, pas des mirages d'un manipulateur.